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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 22:06

La vie va. J'engloutis les tonnes de boulot, et en même temps j'y trouve mon compte.  L'intensité du temps qui court, l'urgence de la création dans un délai trop court, et voler quelques minutes. Trifouiller dans les vieux carnets. Pleurer un coup, mais sourire aussi, parce que par cette lecture, j'apprends, et me vois grandie de cette histoire que je hais parfois, dont je suis fière d'autres fois. Je suis debout. Vivante, là, maintenant. Comme une furie. En pleine cavale. Certains diront que je me fuis pour m'abandonner à nouveau, peut être bien. N'empêche que là, tout de suite, j'ai bien envie de m'en foutre. Et de continuer à courir sans jamais me retourner.

Il y a une phrase qui m'a percutée, comme une évidence qui m'a arraché les larmes de la trouille, les larmes de la peur du noir, mais surtout du vide, tout à coup. La peur de devoir devenir grande, dans un monde dans lequel je me sens seule au milieu de la foule, en décalge de la vie, en décalage de la leur, dans l'abandon de mon être, je m'évade dans des sphères invisibles, ni morte ni vivante, en flottement perpetuél. Jamais là mais pas ailleurs non plus. Suspension. Craindre la chute fatale, mais l'envier aussi. Peut être parce que je n'ai pas le courage de hurler moi même, d'exploser, de devoir faire du mal pour m'alléger enfin, je fantasme la chute du corps, pretexte quelconque au dialogue qui enfin me libererait. Après tout, n'ai je pas voulu qu'il fasse usage de la parole en disparaissant de la sorte, n'ai-je pas voulu qu'il hurle à travers les lacérations diverses qui le parcourent, n'ai-je pas voulu qu'il fléchisse sous l'exercice impitoyable de la famine tout en insomniant, pour enfin, sous les élans d'un mâle en mal de sexe brutal, définitivement se briser? Aujourd'hui je crois, doucement, prendre une autre voie, celle de l'acceptation, enfin, de ces solutions que j'ai trouvées, qui sont certes lamentables et pathétiques, mais qui m'ont aussi, quelque part, sauvé la vie. Je suis vivante d'avoir eu mal, vivante d'avoir exulté dans la douleur, vivante de m'être shootée à la violence, pour ressentir, toujours ressentir, et rester en vie. Finalement, peut être que je n'ai pas vraiment eu le choix de faire autrement. J'ai choisi de survivre, dois-je m'en faire payer la perpetuité?

La mort a toujours été dans mes pas, comme une gardienne, mais si je suis encore là, c'est que même elle ne me désire pas, pas encore. Je l'ai désirée, fantasmée, sans jamais qu'elle m'étreigne, et je suis restée, là, la joue sur un carrelage froid, les yeux rivés au plafond, en attendant qu'elle se décide à me prendre. Fallait bien qu'il se passe un truc, dans cet instant anesthésié, cette parenthèse temporelle, un pied dans le vide, l'autre encore sur la terre ferme. Finalement on se relève. On finit toujours par se relever. Sans trop savoir pourquoi. Mais on se relève. Je me suis toujorus dit que j'avais eu énormément de chance. Tout au long de cette existence en pointillés, malgré tout. J'ai eu de la chance. Enormément même, quand j'y pense. Ou alors, un instinct de survie à toute épreuve, paradoxalement.

J'ai abandonné mon corps pour survivre à l'insupportable, mais c'est comme si je ne l'avais plus jamais réintégré. C'est étrange. Et, peut être aussi, un peu tordu. Mais aujourd'hui, c'est comme une évidence. 

Il y a peu, cette phrase donc, a claqué : "Pourquoi maintenant? Pourquoi vous faîtes cette fixette sur votre viol maintenant? Pourquoi vous bloquez...? Je vais vous dire moi. Vous vous prostrez dans la douleur, parce que ça, vous connaissez. Facile. Pas confortable, mais vous connaissez. En réalité vous avez une trouille bleue d'avancer. Vous crevez de peur. Vous tremblez à l'idée de vivre enfin".

J'ai chialé toutes les larmes de mon corps. Pleuré, pleuré, et encore pleuré. sa putain de boite de mouchoirs, c'est une habitude en ce moment, je vous jure. Bref. N'empêche qu'elle a raison. Je n'ai pas tout écrit sur mes questionnements concenrant mon viol. Cette nouvelle piste qui m'est tombée dessus. Parce que je ne peux pas. J'y arrive pas. C'est trop écoeurant. Et trop...on n'en parle pas, point. Pas maintenant; plus tard peut être, parce que je crois que ça en concerne plus d'une. Bref.

Oui, j'ai peur. Je pense pas avoir été malheureuse, ni dans la misère. Je veux dire...même dans le fond du trou, j'ai toujours réussi à garder l'ironie, le cynisme et l'humour qui me caractérisent. La franchise, l'auto dérision, et surtout un rejet total de la complaisance. J'ai toujours refusé le statut de viictime aussi. Et la discipline de l'anorexie, de toutes manières, ne me permettait pas telllement de flancher, de me vautrer de tout mon long dans la défaite, ni dans le lâcher prise, ce qui est à double tranchant d'ailleurs.

Bref, il n'empêche. Peut être que j'ai pas été hyper malheureuse, mais je me suis abimée, comme il faut. J'ai verifié par tous les moyens que le monde était pourri, mais surtout que MOI j'étais pourrie. Merdique; Moins que rien. Débile. Inintéressante. Conne. Pute. Salope. Fade. Insipide. Sans caractère. Faible. Lâche. Fourbe. Nulle. Et j'en passe. Sale, aussi, pas mal. Je l'ai bien verifié celui là. Par tous le smoyens, par toutes les solutions, je me suis donnée à fond pour démontrer que j'illustrais parfaitement ces adjectifs. Montrer aux autres qu'ils avaient tort. Et ça m'a coûté cher, de vouloir avoir raison. Super cher même. Mais je connais. Presque, ça me rassure. J'arrive en terrain connu quand je joue à la débauche dégueu. J'arrive en terrain connu quand il m'arrive de brader mon cul pour sniffer les restes. J'arrive en terrain connu aux urgences. Je connais le pouvoir des lames, celles qui sont neuves, celles qui sont usées, celles qui sont éraillées, les cannettes arrachées, le verre brisé, la céramique, j'ai exploré toutes les couches de mon épiderme, j'ai bu jusqu'à m'écrouler, j'ai gerbé jusqu'à m'évanouir, j'ai couru jusqu'à ce que mes jambes me lâchent, putain, ça c'est mon domaine. La vie, non. la vie non. Non. 

Et l'inconnu me fout la trouille, oui. Oh, ça n'est pas propre à moi, tout le monde a un peu peur, au fond de lui, de ce qu'il ne connaît pas. Sans vouloir me l'avouer...c'est un peu ce qui se passe. J'essaye de m'accrocher à ce que je connais, à m'y cramponner comme bernadette à son sac, à rien vouloir lâcher, pourvu que la peur dégage, parce que je suis sensée ne plus avoir peur de rien. J'ai vécu le pire, de quoi pourrais-je bien avoir peur maintenant? Justement...de ne plus avoir mal. Et puis ça fait rien, y en a qui vivent avec hein? On peut j'crois. Si si. Paraît-il.

"La vie vous étonnera. Elle est douce, si vous la laissez faire. Vous avez le droit d'avoir peur. Juste, ne vous mentez pas. Ne vous mettez pas encore dans des situations à risques, juste pour vous conforter dans l'idée que vous ne pouvez pas. Vous le pouvez. Vous êtes plus forte que ça. Je le sais. Et vous le savez j'en suis sure, tout au fond."

Elle était douce et j'ai failli céder sur le coup. D'un coup, comme ça, j'ai eu envie de la suivre. De lui donner la main pour qu'elle puisse la prendre. Mais très vite, je me suis redressée, déjà le contrôle reprennait sa place. Toutefois...l'idée fait son chemin. 

Doucement. Elle est là. Et je ne sais pas pourquoi, depuis...

Je me sens forte. Va savoir pourquoi hahaha. On s'en fout. Juste, je respire.

 


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Id-entite-jpg

 

# Dans le fond la voix graveleuse de Patti Smith.

#Titre: Extrait de Compulsion, Keith Ablow.

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commentaires

H
Je sais ce que je vaux, je sais où je vais, et je sais ce que je fais.
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L
<br /> A ceux et celles qui s'inquiètent depuis un petit moment: elle a été hospi ;o) <br />
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P
<br /> J'ai peur de ce silence, je suis athée alors je ne prie pas, mais je pense à toi très fort. Souvent je passe ici. Pourtant je sais bien qu'il n'y a rien à voir, j'ai activé la notification des<br /> commentaires, et je reçois un mail quand çà bouge. J'ai peur.<br />
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M
<br /> RSTP<br /> <br /> <br /> demandes tu de ses nouvelles? elle est<br /> <br /> <br /> Bouge toi d'écrire !! (même un tout petit mot.)<br /> <br /> <br />  <br />
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O
<br /> Je pensais à toi aujourd'hui... (vas savoir pourquoi lol)<br /> <br /> <br /> Plusieurs semaines (mois!!) sans nouvelles de toi... Bonnes ou mauvaises choses?<br /> <br /> <br /> Toi seule peut répondre... mais j'aimerai lire cette réponse...<br /> <br /> <br />  <br />
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*Anorchidea*

  • : [La pÂleur mOntre JusQu'où le cOrps PeUt cOmprendRe l'âMe]
  • : Le pardon ne pouvant s'envisager, seule une vengeance violente, une décharge de tout ce qu'il y a de mauvais, malsain, au plus profond du subconscient, pourrait permettre de ne plus penser aux noirs souvenirs qui gangrènent ma chair me rendant chaque jours un peu plus malade. Mes pieds s'enlisent, mon esprit les suit. Je me perds. L'anorexie fait partie de ma vie depuis trop lontemps.
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