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24 juin 2014 2 24 /06 /juin /2014 14:47

Je relis mes derniers mots. C'est vrai qu'àce moment là, la vie m'avait fait réagir. Il était temps de Vivre. D'être Heureuse.

Peu après, j'ai trouvé un appart, et j'ai déménagé. J'y suis bien.

Pourquoi j'ai déménagé...si vite? Peut être qu'en fait, c'est là que ça a commencé à merder.

Il faut savoir que l'on ma bourrée de médocs, notamment de Risperdal puis de Xéplion (Pour vaincre les psychoses + troubles importants de l'humeur.)...et que j'ai commencé à enfler. Vraiment enfler je veux dire, pas la petite prise de poids qu'on s'invente. 12 kilos. Si on regarde mon poids, même le plus haut, je sais que j'étais pas "grosse". HAHAHA, sur le site de l'IMC ils mettaient poids NORMAL. Ouais, genre. Masi aussi, sur el site de l'IMC, que je fasse 53 ou 72, j'ai un poids dit normal, alors que faut pas se leurrer, on se sent pas la même à presque 20 kilos de différence.  Je suis pas montée jusque ce "plafond" de la normalité, n'empêche que mon poids, ou plutôt, le poids de mon corps, était devenu INSUPPORTABLE.

J'ai rien dit. A personne. J'ai fermé ma trappe, parce que j'ai eu tellement peur que l'on se dise "ça y est elle prend 3 kilos et du coup elle va tout arrêter! lamentable, si elle veut pas se soigner, qu'elle le dise". J'ai eu tellement peur d'entendre ça.

J'ai pris sur moi. Avec la frustration de ne pas, pourtant, manger "plus" que d'habitude. Juste cette foutue rétention d'eau, un bordel hormonal pas possible, bref, mon corps en a profité allégrement. Une petite année est passée, comme ça. A ne pas me supporter, à me cacher, à ne plus voir mes amis...Mais le reste, ça allait plus ou moins, c'est vrai. Disons que comme quoi que je fasse, je ne pouvais pas maigrir...j'ai arrêté d'être une obsedée de la bouffe. Et j'avoue, m'en affranchir ça a été très bénéfique. Simplement, on ne règle pas les TCA juste en prenant (ou en perdant) du poids. Parce que l'on ne se résume pas au poids. Et ce chiffre ne mesure rien d'autre que la masse du corps. En aucun cas, avoir un poids normal pendant un an a réglé les problèmes de confiance en soi, mon estime, ou la vision que j'ai de mon corps...

J'ai commencé, en Janvier, à me rebeller contre la psychiatrie. Contre l'hôpital, les médocs, les soignants....j'en pouvais plus. J'en pouvais plus que tout soit décortiqué, analysé, digéré...J'ai tout stoppé. Mon traitement. J'ai même arrêté les scarifs, l'héro, les achats compulsifs, l'alcool, les coucheries....je voulais une vie saine.

Le problème....c'est que bon, là, j'ai repris mon suivi et tout et ça se passe super bien, je continue sur ma lancée de l'abstinence concernant la came, l'alcool , la défonce aux cachetons...

Mais en arrêtant mon traitement, j'ai aussi - semble-t-il- pratiquement retrouvé mon poids "normal". Mon poids "de forme" plutôt.  En fait...j'ai perdu 13 kilos. Et une chose en entraînant une autre...l'obsession d'un mode de vie sain, et la perte de poids...ça fait que je veux toujours aller vers "le plus sain" (euh, plutôt dans la manière dont je le vois hein, parce que pas sûr qu'en pratique ce soit vraiment "sain"), et je me mets à virer des classes entières d'aliments.

A me scruter dans le miroir, en me désespérant de ne voir AUCUNE DIFFERENCE, alors que pour une fois, les preuves sont là; le chiffre sur lécran de la balance, mes jeans que je peux remettre...

Faut dire, j'avais tout conservé. Je les ai passés des centaines de fois, pour vérifier, comme ça, où j'en étais. Jusqu'au jour où j'ai pu glisser AUSSI mes cuisses dedans. Donc, je SAIS que j'ai maigri, et je le VOIS PAS.

J'ai aussi repris le sport. Me fous de la crème amincissante sur tout le corps, et même les seins, parce que j'aime pas les seins. Tout doit disparaître?!

C'est terrible, cette sensation que l'on va tomber, et s'exploser la tête. Mais que l'on n'arrive pas à contrer la chose. Je sais pertinament ce que je suis en train de faire, je connais par coeur, tout est réglé comme du papier à musique, tout est calculé, pesé, analysé. Calories, composition, MG, lipides, glucides, saturés, insaturés...Des mots que je me passe en boucle dans la tête à chaque repas, j'ai faim, oui mais est ce que c'est si bon que ça, (et pas "bon" au sens du gout, non, "bon", au sens : ça fait grossir?), et est ce que je ferais pas mieux d'avoir VRAIMENT FAIM, oui mais si j'ai VRAIMENT FAIM, est ce que je saurai me contrôler....et bla bla bla...mais merde alors, pourquoi même en sachant parfaitement ce qui se passe, pourquoi je n'arrive pas à réagir?! Pourquoi je repasse un temps incalculable sur le net, à la recherche de témoignages, de mots qui ressemblent aux miens, de photos, de poids, de chiffres, de repas, de bouffe...

Et pourquoi tout en me disant "putain mais elle est vraiment trop conne elle, elle veut aussi le mode d'emploi pour se foutre en l'air?!", je me dis aussi "ce que j'aimerais avoir ses jambes". Je me foutrais des tartes.

Mais il y a aussi la réaction des gens.

Depuis que j'ai maigri, chaque soignant que j'ai vu m'en a fait la remarque. Je souris. Mais ne dis rien. Si je ne dis rien c'est un peu malsain; c'est que je veux que ce soit eux qui m'en parlent, car ce serait alors le signe que "ça se VOIT". Et si ça se VOIT, c'est que c'est vraiment VRAI alors...Depuis toujours, victime de dysmorphophobie concernant mon corps, les autres sont le "témoin". Ce sont eux qui me donnent "le signal". C'est sur eux que je m'appuie pour savoir à quoi je ressemble.

Mais ils ne s'arrêtent pas là. Ils s'inquiètent.

La question, c'est pourquoi, quand je prends 12 putain de kilos, et que je suis au fond du gouffre concernant mon image et mon estime de soi, PERSONNE NE REAGIT, sauf pour me conseiller "d'arrêter les sucreries et le gras" quand je me plaignais de mon "nouveau corps" (comme si en quelques semaines on pouvait guérir de l'anorexie, et puis s'engouffrer des tonnes de gras sans culpabiliser de rien. On aurait dit que personne en voulait comprendre que c'était mon PUTAIN de traitement)....

Alors que bordel de merde, j'avais rien changé à mon alimentation. En fait, quand on est "gros", c'est forcément synonyme d'être sans aucune volonté, et de s'empiffrer comme une grosse vache? c'est ça?

Mais alors dès que je maigris, là, ça y est mon dieu qu'est ce que j'ai pas fait...alors que sensiblement, mon image n'est pas "pire". Elle est la même. J'étais dans la même détresse. Juste que là, ça commence à se voir. Bande de cons. Je les hais.

On n'est pas obligé(e) d'être cachexique pour pouvoir se permettre d'appeler à l'aide si? Après, on s'étonne que nombre d'anorexiques soient dans le déni, parce que c'est vrai, elles ne pèsent pas encore 30 kilos. Alors donc on doit attendre d'en arriver là pour qu'on s'inquiète? Tout ça me rend dingue. Et après, on dit "plus c'est pris tôt, mieux ça se soigne". En théorie, oui. En pratique, on en est loin.  Quand j'étais hospitalisée en TCAs, y a une paire de filles qui étaient peut être à un poids supérieur au mien, n'empêche qu'à cause des comissements, je peux vous certifier que leurs analyses étaient bien plus mauvaises que les miennes. Non, le poids veut rien dire. RIEN. Arrêtons de s'en référer à lui.

 

A chaque fois qu'on me disait "d'arrêter les sucreries si je voulais perdre un peu de poids" je me disais dans la tête," tu verras connasse, tu verras. Le jour où je vais seulement commencer à maigrir, tu vas me demander d'arrêter."

Inconsciemment, c'est ce que j'ai fait. MAIS.

J'ai peur d'être allée trop loin. Au début, trop heureuse de ressentir à nouveau mon corps, sans qu'il soit maigre hein, juste, voilà, je le retrouvais...c'était bon. Je pouvais enfin revoir mes amis, sortir, tout ça. Trop occupée à savourer la victoire, j'ai pas capté le sens de ce que j'étais en train de mettre en place.

Et si j'ai déménagé, c'est que ma grand mère, après son infarctus, ne pouvait manger ni légumes verts, ni tomates; ça veut dire pas de salade, pas de concombre, pas de courgettes...en fait RIEN de ce que j'aurais du manger pour garder à peut près la ligne. J'ai pas supporté. C'était le moment pour moi de partir. Evidemment, ça n'est pas la seule raison; mais disons que ça a sensiblement acceleré les choses.  En gros, j'ai déménagé pour pouvoir maigrir peinard.

Et déjà à ce moment là j'aurais dû réagir.

Parce que lorsqu'on est passé par là, on sait très bien comment ça commence. Jamais le temps que ça prendra pour en revenir.

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commentaires

J
Je pense souvent à toi, j'espère que tout va bien pour toi ma belle, fais nous un signe, quel qu'il soit! Je t'embrasse très fort et te souhaite le meilleur pour 2018. Bon réveillon et gros gros bisous tous doux.
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H
J'ai eu besoin de faire une pause, faire le point, me retrouver avec moi même.
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O
Félicications
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W
bravo pour ce beau texte
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L
<br /> Je reviens de Perpignan où j'ai profité du soleil et évité tout ce qui pourrait me ramener à la déprime et à l'angoisse. Je rentre et je lis les blogs de mes amies, envie qu'elles aillent aussi<br /> bien que moi, mais ça marche pas comme ça...vous avez continué d'aller mal en mon absence, à certaines j'ai envoyé une carte, désolée je n'avais pas ton adresse, si tu veux bien me la donner, à<br /> l'occasion je t'enverrai un peu de courrier. J'ai pensé à toi les mois où tu n'écrivais pas, voyais une ou deux photos sur Instagram de toi qui ne m'en disaient pas tellement sur ton état, et là<br /> je lis ta rechute dans l'ano, je ne sais quoi dire. Est-ce qu'à certains moments tu es bien? Je veux dire même quelques minutes où tu te dis je suis bien là, la vie est pas si mal. Je me suis<br /> toujours accroché à ça. C'était un aperçu de ce qui m'attendait après l'ouragan de plusieurs années, "ça ira mieux après, chaque bon moment me montre que c'est possible d'aller bien." Et puis à<br /> ce que je lis ici depuis le début, tout part d'une interdiction de toi-même à aller bien. "Je dois souffrir." "Je n'ai pas le droit de jouir de la vie." semble t'asséner une voix intérieure.<br /> Pourquoi. Pour quoi? Quel est ton crime, en effet? Si tu te soignes, c'est qu'au fond tu penses que tu le mérites. Tu mérites donc d'aller mieux. P'têtre que tu pourrais te répéter chaque soir un<br /> putain de mantra "J'ai le droit d'aller bien." L'écrire. Te le faire tatouer. Faut vraiment que tu te le rentres dans la tête et dans le corps. Bisous, miss.<br />
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*Anorchidea*

  • : [La pÂleur mOntre JusQu'où le cOrps PeUt cOmprendRe l'âMe]
  • : Le pardon ne pouvant s'envisager, seule une vengeance violente, une décharge de tout ce qu'il y a de mauvais, malsain, au plus profond du subconscient, pourrait permettre de ne plus penser aux noirs souvenirs qui gangrènent ma chair me rendant chaque jours un peu plus malade. Mes pieds s'enlisent, mon esprit les suit. Je me perds. L'anorexie fait partie de ma vie depuis trop lontemps.
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