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1 avril 2014 2 01 /04 /avril /2014 16:04

Tout a commencé un peu avant ma dernière hospi, en novembre. Au moment où ma grand mère faisiant son infarctus...j'ai pris consicience que la vie...la vie, même quand on a 81 ans et qu'on a l'impression d'être très vieux et d'avoir fait son temps, on se dit qu'elle est passée si vite...si vite qu'on n'a pas eu le temps de faire tout ce qu'on voulait, et que maintenant on entend que c'est biçentôt fini, alors qu'il nous reste une tonne de trucs à faire, de gens à voir, de moments à partager...alors on s'y accroche de toutes nos forces, encore et encore, pour que ça duuuuure encore très longtemps. Quoi qu'on en dise.

Moi, depuis mes 28 ans, quand j'ai vu la force qu'elle avait en elle pour s'accrocher à son existence...je me suis dit putain, moi, faudrait peut être que je la commence cette vie. J'ai rien vu passer, j'ai déjà 28 piges, j'ai l'impression d'avoir eu mille vies, et en même temps...c'est comme si j'avais hiberné depuis des lustres! C'est trop bête. Je veux profiter de mes amis, de mes proches, de mes frères et soeurs...je veux partager avec eux d'autres moments que ceux passés dans une chambre d'hopital. Ils sont bien ces moments, mais...si on partageait autre chose?! Il est grand temps.

J'ai mis ma vie sur l'autel du sacrifice pendant trop longtemps. Au nom de quoi? Pour un connard qui m'a violée? Je vais payer longtemps ce crime pour lequel je suis innocente?

Un jour ma psy m'a dit "ok, vous vous en voulez, d'accord. Combien de temps vous avez pris pour votre crime? Quelle est la sentence? 5,10,15,20 ans? Combien? Quelle est votre peine? Parce que pour info, une peine, ça a un début et une fin. Ca commence et ça finit. Un viol, ça va chercher dans les 15 ans, disons. Bien payé hein, parce qu'aujourd'hui, je peux vous dire que même eux s'en sortent pas trop mal pour leurs crimes. Et vous, qui êtes quand même la victime aux yeux de la loi mais c'est juste un détail, vous allez payer combien de temps encore?Sérieusement, ça va durer combien de temps????"

Je l'entends aujourd'hui encore. Sa voix résonne dans ma tête. Elle était enervée ce jour là. Elle s'était mis en colère. Elle était en colère parce que ma culpabilité était tellement forte, tellement solide, que l'autodestruction a été mon mode de survie pendant des années. Ca a été mon mode de vie, ma motivation, la raison pour laquelle je me levais le matin :  me détruire. Le suicide? Trop facile. pas assez douloureux. Non, moi je voulais orchestrer ma mort. A petit  feu. Doucement. Insidieusement. Chaque jour, un peu plus mal. Je lacérais les chairs, et laissais les plaies à l'air. Les triturant à souhait, les empêchant de cicatriser tout à fait. Je les entretenais. Pour qu'elles soient toujurs plus béantes. Sans m'en rendre compte. En fait, le pire, c'est que c'était même inconscient. C'était un réflexe. Spontanément, je me faisais mal. J'étais angoissée? Je me scairifiais, ça soulageait. J'étais en colère? Pareil. J'avais faim?Je m'affamais. Jusqu'au malaise. Fatiguée? J'allais courir. Je trouvais que j'avais mal travaillé? Je m'enfilais dix boites de valium. J'avais trop mangé? Je me faisais vomir jusqu'à m'évanouir. Je me trouvais moche? Scarifiactions. Sport à outrance.

L'autodestruction était la réponse à tout ce que je vivais.  Simple comme bonjour. .La culpabilité était mon mode de pensée, tout était de ma faute. Le viol, c'était de ma faute, l'anorexie, c'était de ma faute, que j'étais malade, c'était aussi de ma faute, si ma famille allait mal, c'était de ma faute, si mes prents s'étaient séparés, c'était de ma faute, ma grand mère fait un infarctus, c'est de ma faute...j'en passe.

J'étais désespérée. Ma psy aussi. Elle se mettait en colère régulièrement. Pas contre moi. Contre tous ces trucs qui me pourissaient la vie. Elle en pouvait plus de me voir si malheureuse. Toujours plus amigrie, cernée, mal habillée...je me rendais moche, parce que j'étais moche à l'intérieur. Une garce peut pas être belle. Elle est forcément moche. Moi j'étais moche. A l'intérieur, à l'éxtérieur...tout était MOCHE. MOCHE MOCHE MOCHE. Je voyais la vie en MOCHE. Je voyais bien qu'elle essayait tout pour me faire réagir. Des fois elle arrivait à me faire sourire, parce que je trouvais ça mignon de sa part le fait que si je croyais pas en ma vie, ele y croyait pour moi!

 

Aujourd'hui, je me dis qu'elle avait raison.  Qu'elle a eu raison de vouloir me secouer.

J'ai peut être mis 12 ans...ça devait être aux environ de ce mois-ci en plus, ma première consultation. Bref, j'ai peut être mis 12 ans, mais aujourd'hui, je peux affirmer que je suis enfin heureuse, avec un H.

Alors peut être qu'il y aura des rechutes. Certainement. Mais je sais, avec certitude, que le plus gros est fait. Que j'ai pratiquement gagné.

ma psy a dit  : "vous resterez vous même, quelqu'un de fragile, passioné, entier, angoissé,impulsif...mais vous apprendrez à utiliser certinas outils pour vivre avec. De plus en plus, vous saurez comment gérer les situations de crise sans vous mettre en danger. Vous aurez d'autres solutions de repli que les urgences, l'hopital psy ou les médicaments. En fait, vous pourrez avoir  une vie tout à fait normale. Mais vous resterez extra-ordinaire"

 

Pendant très longtemps, j'ai craint que si mon trouble borderline disparaissait, avec les symptômes comme l'anorexie ou la toxicomanie, ça laisserait un vide immense, et même, que mon identité en serait littéralement démolie. Hors, je me rends compte aujorudhui que c'est carrément faux. Ces symptômes n'ont pas laissé un vide immense mais justement, ils sont laissé place à la vraie vie. Et je n'ai pas perdu mon identité, je l'ai retrouvée! Car ces symptômes m'avaient rendue esclave de la dépendance (que ce soit l'anorexie, la toxicomanie, la dépendance affective, la peur de l'abandon, la peur du vide...) et mon identité n'avait pas pu se construire correnctement. D'ailleurs...je ne savais pas qui j'étais et cela a causé nombre de crises d'angoisse existentielles! Aujourd'hui encore ça me trouble...je me découvre encore. Mais je crois que même à 90 ans, on apprend encore des choses sur soi-même, et tant mieux!!!

 

Alors...je sais que j'ai encore du chemin. Que l'on ne guérit pas complètement d'un trouble de la personnalité borderline. (D'ailleurs, est-ce une maladie à proprement parler?!). Cependant, une fois nos angoisses apprivoisées, et surtout, une fois que l'on a trouvé une réponse à ces angoisses satisfaisante et structurante, il est tout à fait possible de mener une vie plaisante. De Vivre. Pour de vrai.

Je sais que je resterai angoissée, anxieuse, que j'aurai toujours des problèmes avec mon corps,  mon alimentation, que j'aurai toujours plus ou moins un fonctionnement en "tout ou rien", que je craindrai touours l'abandon ou la sensation de vide, etc etc, il y en a des tonnes à écrire. Mais ça ne me fait pas peur. Tout ça, c'est moi. Je suis comme ça. mais encore? Ca ne suffira pas à m'empêcher de vivre.

Nous venons de passer le mois de mars, mois extrêmement difficile pour moi car c'était le triste anniversaire de mon agression. Cela fait exactement 13 ans que j'ai été violée. D'habitude..;en fait, tous les ans, à cette période, j'étais soit à l'hopital, soit en crise. Cette année...rien de tout ça. Rien. Juste un sourire immense. J'avais presque oublié!!! Je n'y ai même pas pensé. Pas de cauchemar. Que dalle.

Juste la joie immense de pouvoir fêter l'anniversaire de ma maman sur la terrasse de chez nous, au soleil, avec toute la famille. Pas depuis ma chambre sordide d'hopital.

Putain mais quel bonheur!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

 

 

J'ai consicence que cet article est très long (comme d'hab).

Pourtant, je n'ai pas tyout développé, et il y a certaines choses que je désire réellement partager avec vous, aprce que j'estime que c'est super important. Je voudrais aborder la question du diagnostic, et de cette étiquette que l'on nous pose, en tant que malade. De la valeur de cette étiquette, et de cette nouvelle identité qu'il nous faut prendre en compte...et que l'on prend un certain plaisir à nous rappeler dès que l'on déroge à la règle, comme si nous ne nous résumions qu'à cela. Ca m'est arrivé dernièrement et je trouve ça scandaleux. J'aimerais pouvoir en parler ici et partager  cette expérience insupportable. J'aimerais aussi avoir vos témoignages, si vous avez déjà eu la sensation que l'on considérait vos paroles comme le fruit d'un délire.

Ce sera pour un autre article!

Je suis au travail et faudrait peut être me mettre à bosser :)

Le plaisir de venir ici était trop grand...pouvoir enfin dire que "CA VA!" (sans mentir). J'ai fait tomber le masque...échangé un faux sourire contre un vrai sourire, bien niais. Et ça me plait.

 

Je ne peux que vous souhaiter la même chose car c'est simplement délicieux.

Le plus incoryable, c'est que je sais qu'il me reste du chemin...alors si je suis heureuse maintenant, comment va être la suite?!

 

XXXXXXX

 

E.

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commentaires

H
J'ai eu besoin de faire une pause, faire le point, me retrouver avec moi même.
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A
<br /> De rien.je t'ai envoyé un mail au fait<br />
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A
<br /> Bonjour petite orchidée ressuscitée... Que tes racines s'enfoncent dans le sol et tes pétales s'ouvrent enfin, la tête fièrement redressée vers le ciel, le soleil, et les autres... Je souris moi<br /> aussi niaisement après avoir lu les derniers articles, tu as enfin eu ce même 'déclic' qui a sauvé ma vie, et qui semble avoir réussi à sauver la tienne. On n'a pas tous cette chance, et moi je<br /> te souhaite une belle vie, pleine de paix, d'amour de toi-même et des autres, de sérénité, enfin, enfin, et pour toujours. <br />
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L
<br /> Hello,<br /> <br /> <br /> je suis super contente que tu t'es sortes, c'est génial !!<br /> <br /> <br /> Je suis dans la même énergie.<br /> <br /> <br /> Tu peux être fière de toi.<br /> <br /> <br /> Gros bisous !!! Et bonne continuation !!<br />
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[
<br /> <br /> Merci. Mille mercis.<br /> <br /> <br /> C'est vrai pendant un temps j'ai eu l'impression qu'une bonne partie de "tout ça" était derrière moi. C'est encore le cas mais...restent quelques émons à virer! :)<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Juste une petite pensée de passage aprés avoir lu toutes tes nouvelles<br /> <br /> <br /> prends soin de toi..<br />
Répondre
[
<br /> <br /> Merci ma puce. Merci de ta présence.

*Anorchidea*

  • : [La pÂleur mOntre JusQu'où le cOrps PeUt cOmprendRe l'âMe]
  • : Le pardon ne pouvant s'envisager, seule une vengeance violente, une décharge de tout ce qu'il y a de mauvais, malsain, au plus profond du subconscient, pourrait permettre de ne plus penser aux noirs souvenirs qui gangrènent ma chair me rendant chaque jours un peu plus malade. Mes pieds s'enlisent, mon esprit les suit. Je me perds. L'anorexie fait partie de ma vie depuis trop lontemps.
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