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6 octobre 2011 4 06 /10 /octobre /2011 00:03

Mon dernier post. Etrange de le relire. Je ne savais plus. Oublié. Mais ça m'aide à retracer "l'avant" de la crise qui a suivi. Ce fameux jeudi 25 août, 3 jours après. Ce matin ou je suis aprtie -paraîtrait il- la moitié de ma pharmacie en poche. Mon RDV de 9H avec la psychomotricienne s'est passé. Ni plus ni moins, je ne sais plus. Mais ça allait, sûrement. A 12H30, en revanche , la psychologue me voyant arriver dans une démarche désarticulée, la chute dans les escaliers et mon élocution pâteuse l'ont finalement convaincue d'appeller les urgences psychiatriques. 

Avait-elle une autre solution? J'ai fini par lui avouer que j'étais seule chez moi. Impossible pour elle de me relâcher dans cet état, sachant que je n'allais que retrouver ma solitude et la seconde partie de ma pharmacie. 

Ce que j'écris, il faut savoir que je l'ai appris bien plus tard. Parce que mon esprit l'a tout simplement balancé dans le syphon des oubliettes. Je ne sais plus. J'essaye; mais rien en moi, rien du tout, ne me rappelle le moment où l'idée de gober ces médocs s'est installée en moi. Pourquoi je serais partie chargée comme une mule? Pourquoi, alors que tout allait bien? Oui, cette rupture me direz-vous. Oui, peut être. Se dire que même un borderline, un compagnon qui connaît l'horreur de la peur liée à l'abandon..."m'abandonne", c'est un peu comme faire tourner le CD du "si même lui me lâche, qui pourra me supporter, hein? Qui prendre le risque de m'aimer? Qui prendra le risque de me regarder?" Je suis née pour séduire, envoûter, et sucer la vie de l'autre, sangsue invetérée, comme si ma propre enceloppe ne me suffisait pas, et qu'il fallait en aimer une autre. Pour me sentir entière, enfin. J'ai une âme qui ne veut pas de mon corps. Et je me dissocie. Toujours plus fort. Je m'abandonne. Dans tous les sens du terme.

Ce fameux jeudi où, arrivée à l'hôpital, devant la violence de mon état, devant la violence et l'agressivité exacerbée dont j'ai fait preuve dès le premier entretien avec mon psychiatre réfèrent, qui au passage luttant contre tous les objets qu je lui balançais à la gueule -dont la poubelle-, a finalement opté pour une HDT. J'ai vu rouge. Une HDT aux soins intensifs, service fermé, ça signifie pyjama et pas de visites, ça signifie toquer au carreau pour une clope, du feu, et puis rien. Parce que là bas, on ne peut faire que fumer. Et puis attendre. Comme j'ai d'abord essayé de me pendre avec mon pyjama, j'en ai eu un en papier. Et puis j'ai fini par aterrir. Par me rendre compte. J'ai fni par m'écrouler. Par ouvrir les yeux et dégager les dernières brumes de ma mixture avalée. Service fermé. Moi. En service fermé. Moi. Et cet air de poupée déguinguandée trop petite pour ce pyjama. J'étais trop petite pour tout. Mes joues étaient tellement creuses, tellement pâles, le papier bleu me donnait cet air féerique des fées malades, avec les yeux trop grands parce qu'apeurés par al folie dont on se sait capable. On commence à avoir peur de soi même, parce qu'on sent la peur transpirer dans les regards posés sur nous. Combien de temps après ai-je pu m'approcher d'une infirmière sans qu'elle demande à être accompagnée? Sans que je sente son air renfrogné, craintif de la violence que je pouvais dégager. Mon corps tout entier criait à la haine. Je me mettais à rugir pour rien, de cet air bestial que j'adopte quand je sens les murs trop près de moi, quand je sens les limites qui m'opressent...des limites que je n'ai pas choisies. Des murs qui puent l'être torturé, et les coups inscrits dans les murs comme  si chacun voulait repousser les murs de sa prison. Mais ils ne cédent pas. On nous enferme. Fauves en cage. Et on nous laisse au milieu. Parfois je me laissais surprendre à les observer fixement. Les blouses blanches. Les regarder longtemps, jusqu'à ce que je ressente encore la peur en eux. Comme pour me conforter et me convaincre qu'ils avaient raison de m'enfermer. C'est que je devais vraiment être mauvaise. Je leur donnais la raison que je n'avais plus. Et puis ça a fini par me taper sur les nerfs. Vraiment. Alors....alors j'ai brisé mon bol de petit déjeuner. Et puis la suite. Si j'étais devenue si laide...alors il fallait agir. Il fallait que ça cesse. Si j'étais devenue un monstre il fallait arrêter le cirque. J'étais devenue la bête, et avais mangé la belle sans en laisser une miette. J'ai serré très fort les pointes acérées de la porcelaine. J'ai inspiré très fort. Pas pour me donner du courage. Juste, je ne sais pas . Comme un aurevoir. Et pour une fois, je choisis. Je prends le choix d'en finir. Me reste de cet épisode une poitrine défigurée. Extorquer mon coeur de mon corps, pour le regarder en face, peut être que c'était mon plan? Combien de fois j'ai eu envie de le faire battre, le refaire fonctionner, le regarder en place pour l'affronter, lui demander ce qu'il atendait pour se mettre en marche le con. De là à vouloir...faire ce que j'ai pu faire avant que les infirmières ne me mobilisent pour aller m'attacher je...Mais de ça non plus je ne me souviens pas. Il y a juste les vestiges sur la chair. La chair encore à vif. Et puis les fouilles au corps à répétition, parce qu'ils savaient que j'aurais été capable. Quand la peur abandonne un être, alors il n'a plus rien à perdre. Il peut tout. 

J'ai pu enfin recevoir de la visite. Ma maman d'abord. Qui a su me ramener, me sortir de ces lieux. Quand elle m'y a amenée de nouveau, je sais qu'elle pleurait. Mais je sais aussi qu'elle n'avait pas le choix. Parce que j'étais partie, une autre avait pris ma place. J'étais morte. Et elle, ne voulait que m'abîmer mon corps. Il n'y a qu'à l'hôpital que l'on croise des gens de mon espèce. Des gens qui ont les yeux ailleurs. Mais qui sont prêts à bondir. Ils sont prêts. Fuir, toujours fuir. Pour se foutre en l'air en paix. 

Je n'ai fait qu'alterner les services "libres". Et puis les services fermés. Ressortir. Et y retourner. Chaque crise était plus violente que la précédente. J'ai l'air d'une poupée vaudou, tous ces fils me parcourent la peau, anonçant de nouvelles balafres, de nouvelles empreintes, témoignant de Son passage. Je ne connais pas cette fille. Il paraît qu'elle a des yeux immenses. On ne voit plus que ça. Elle n'est plus que haine, et son corps a chaque mouvement se tend les muscles sont saillants, les gestes secs, tranchants, directs. PLus une once d'hésitation. Mais quand même cet air...quand même les mains qui trahissent, les battements de cils un peu trop rapides, quand même les tremblements fragiles et les doigts qui ne font que se torturer les uns les autres. Autant de signes qui ne demandaient qu'une chose à travers tous ces carnages; de l'aide. 

J'avais ces moments où me faire du mal -pas mourir, non, juste, me faire MAL-, c'était comme le graal, une quête désesperée dans ce lieu où tout est interdit, où tout est sécurisé, surveillé, décrypté. Et les blouses blanches ne faisaient que me mettre des obstacles. Punition horrible. Il fallait donc les éliminer, bordel!

Je n'ai compris que bien trop tard qu'ils étaient mes alliés. Trop tard que leur seule solution, pour me protéger, oui c'était ce pyjama et m'interdir tous les objets possibles, même les stylos étaient devenus dangereux une fois dépecés. 

Tous ces détails que j'apprends, cette méticulosité que j'ai adopté pour tricher, manipuler, simplement pour m'engouffrer dans la moindre faille...j'ai tellement peur. 

Comment m'apprivoiser? Comment ne pas être effrayée par ce que je me sais être capable de faire? Comment pouvoir espèrer que ça ne recommencera pas? 

Qui va m'aimer?  Qui?

Je ne veux plus faire peur. Je ne veux plus "la" laisser venir.

Cette crise, qui a pris fin le 26 août, fut certainement la plus violente, la plus effrayante et la plus déstabilisante que j'aie jamais connue. Pourquoi ce moment? Suis-je alors réellement le monstre hideux, au visage tiré par la folie, révulsée par la haine, que l'on ma décrit? Je ne peux pas être "ça".

J'ai tout oublié. Les lambeaux de l'existence, que j'essaie de raccomoder au fil des témoignages...comme les lambeaux de chair qu'on a essayé de suturer le plus joliment possible, ornement délicat qui accouchera de ces lignes violacées qui parcourent tout mon corps. Je me défigure. Peut être pour m'obliger à me souvenir. Peut être pour la laisser exister. Peut être aussi pour me rappeller que son seul but est de faire le plus mal possible. Pour ressentir. Avoir mal c'est la preuve que l'on vit. 

J'ai mal donc je vis. J'ai mal donc je suis. J'ai mal et ça me fait du bien. 

 

Je suis horrible.

 

La suite...il faut juste que je reprenne consistance. Que je remette la vie sur les joues délavées par le sel des larmes. Et que j'arrête la lame. 

J'ai toujours été en quête identitaire. Maintenant, je ne sais même plus si je veux savoir. Ce que je suis sous les couches vitales, ce que je suis au fond de mes vicères, mon vrai moi, le noyau central de mon système, n'est décidément pas beau à laisser sortir. J'aimerais avorter du monstre qui grandit en moi. Mais alors il laissera du vide. Et j'ai peur du vide. J'ai tellement peur qu'il faudra que je l'emplisse, que je l'emplisse jusqu'à exploser...pour me sentir vivante.

Folle. Je suis folle.

haha, "borderline". Il envoie du rêve ce mot hein? Peut être qu'il peut être marrant de l'être un peu. Paraît il qu'à mon niveau la psychose est bien plus dangereuse qu'à l'accoutumée. J'ai entendu "on ne sait pas comment vous soigner" de la part d'un infirmier. A-t-il senti que tout se dérobait en moi à cet instant précis? A-t-il perçu la violence de sa gifle sur mes joues faméliques? At-il entendu le crissement des tripes qui se tordent en tout sens? 

Ces mots ont eu l'effet d'une bombe. J'ai besoin d'aide. Non je ne suis pas forte, ni courageuse, ni batttante, ni...rien de tout ça. Je ne suis rien de ça. Je survis, c'est tout. je survis de moi. Je vis dans la censure de mes démons. Rien d'autre. Rien. Me dire qu'eux, formés à toute épreuve, sont démunis et impuissants, c'était comme me dire qu'on me mettait dehors, parce que je n'étais pas soignable. La solution n'existe pas. Et maintenant il faut laisser la place aux autres mademoiselle. 

Mais mois je n'arrive pas à remonter vous voyez? non je n'y arrive pas. Et pour une fois dans ma vie, pour une putain de fois je ne ferai pas semblant d'aller bien et de sourire comme une débile mentale.Ne pensez pas que c'est un choix; c'est juste que je n'ai plus la force de le faire. Parce que croyez moi, c'est plus confortable de mentir. De se mentir et de se faire croire que oui, ça va. Ouais, ça c'était facile. Assumer sa douleur, assumer sa tristesse, assumer sa putain de souffrance et les laisser s'épanouir en nous, bordel, c'est le calvaire.

 

Je ne sais plus si j'aime les défis. Toujours est il que me laisse encore une énième chance. Des fois que j'y arriverais. 

 

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23 février 2011 3 23 /02 /février /2011 09:03

A ces mots, Betty a poussé un espèce de râle sinistre, presque animal, un truc à vous glacer le coeur. J'ai eu juste le temps de l'apercevoir en train de saisir une fourchette qui traînait sur une table, la salle a paru s'illuminer et elle a bondi sur la bonne femme avec la rapidité de l'éclair.

[...]J'ai trouvé qu'il faisait une chaleur insupportable à ce moment là. J'ai eu le temps d'attraper Betty à bras-le corps avant qu'elle fasse vraiment une connerie, je l'ai tirée en arrière de toutes mes forces et on a roulé jusque sous une table. [...] Je lui tenais les mains plaquées au sol et elle secouait la tête en gémissant. J'y comprenais plus rien, je me rendais seulement compte que je pouvais plus la lâcher, je me suis senti malheureux.

Betty secouait la tête comme un métronome pendant que je bredouillais les pires âneries du genre ça va pas, ma belle, tu te sens pas bien...?

[..] Le silence a coulé dans le restau comme de la glu.

Elle secouait plus la tête, mais je sentais son corps dur comme de la pierre sous moi, c'était presque effrayant, j'avais l'impression d'être couché sur des rails de chemins de fer.Je l'ai lâchée tout doucement et comme ça se passait bien, je me suis laissé glisser à côté d'elle, je me suis aperçu qu'on était trempés de sueur. Le carrelage été glacé, poisseux, couvert de mégots, le rêve.

J'ai touché son épaule, sa merveilleuse petite épaule, mais ça a pas donné  ce que je voulais. En fait, le résultat fût terrible. Le contact de ma main a déclenché je ne sais quoi dans son cerveau. Elle s'est tourné en gémissant puis elle a éclaté en sanglots. C'était comme si on m'avait poignardé sous la table.

Je me suis collé dans son dos et je l'ai caressée doucement, mais y a avait rien à faire. Elle se tenait en chien de fusil, tous ses cheveux étalés autour d'elle, dans cette merde et les poings serrés contre sa bouche.

Elle pleurait, elle gémissait. Son ventre faisait des bonds comme si une bestiole était enfermée là-dedans. On est restés comme ça un bon bout de temps avec  la lumière pâle de ma rue qui se reflétait sur le sol et toute la misère du monde s'était donné rendez-vous sous cette table. J'étais brisé, j'en avais ma claque. Ça servait a rien de lui parler, j'avais tout essayé et ma voix n'avait pas de pouvoir magique. C'était un constat amer pour l'écrivain Je savais même pas si elle se rendait compte que j'étais là.

 

Cet extrait est tiré du Livre 37°2 le matin, de Philippe Djian

 

 

 

 

dalle.jpgBetty c'est...betty c'est sans doute la borderline la plus célèbre que jconnaisse.

Dommage qu'elle fnisse aussi mal. Jsais même pas si elle aurait pu se satisfaire de la vie. Mais j'aime à espèrer qu'elle aurait pu. Elle aurait pu bordel de merde...

 

 

 

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18 décembre 2010 6 18 /12 /décembre /2010 11:44

Par pitié, le jour où vous trouvez une espèce de forme humaine tremblante qui ressemble étrangement à un toxico en manque, ne rameutez pas tout le quartier. Du genre vous êtes en cours, une envie pressante, et vous sentez une présence légèrement haletante dans les chiottes d'à côté; ne retournez pas en cours en gueulant à travers tout qu'une personne a un problème.

Si le toxico s'isole, c'est qu'il n'a pas forcément l'envie ni de se donner en spectacle, ni que tout le monde prenne connaissance de sa dépendance à la con. Donc, si on rameute tout le quartier, il est évident qu'il deviendra un peu agacé, et vexé de sa vulnérabilité qu'il se donnait tant de mal à dissimuler. Et que vous, malheureux, aurez piétiné lourdement. Certes, vouloir, bien faire, c'est une bonne chose. Mais sachez que vous n'êtes pas tous délicats. Et que les personnes qui vous avez averties ne manqueront pas de faire des remarques humiliantes, blessantes, rageantes, et qui soulèveront certainement une envie de vengeance violente.

 

J'ai donc pu entendre "elle veut du subutex? Ah non attends j'ai un peu de vodka! Mdr, dis lui qu'à Roubaix y a plein de dealers putain elle est conne ou quoi! Hey, jcrois que dans le métro j'en ai même croisé un merde j'ai pas pris son numéro! Elle a pas pris sa dose au ptit déj? ...[...]."

Je n'en dirai pas plus. C'est peut être pas la peine. D'écrire...ça...Qu'est ce que je pouvais faire devant cette classe remplie de connards? L'ignorance, c'est sûrement le truc qui génère le plus la connerie. Ce qui me rend folle et qui me brûle les yeux, c'est tout le mal que je me donne pour que personne ne sache. Pour qu'au moins dans ma vie d'étudiante, au moins une fois, une année, je n'ai pas cette étiquette de la pauvre petite anorexique droguée. Juste une fois. J'ai tenu 3 mois et demi. Génial.

Il a juste fallu que j'oublie de prendre ma méthadone, et que je fasse une pause la nausée dans le ventre, dans ces putains de chiottes à la con de bordel de merde. UN jour. J'ai cette envie de débarquer, flingue au poing, et de tous les buter, un par un. Je leur expliquerai que j'avais juste envie de m'en sortir, mais apparemment, même pendant le sevrage, même quand on essaye de se relever, même quand on essaye de reprendre un peu sa dignité en main, on reste un toxico. Un déchet dont on devrait se débarrasser. Après tout, c'est vrai, c'est quand même cette bande de branleurs qui m'offrent cette méthadone. Je ris. Parce que perso, moi, jla paye pas. Et ouais, le trou de la sécu, j'en profite bien. Mais quand je vois ça...j'ai ce certain plaisir à le faire.

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J'ai cette envie de chialer qui me prend dans le ventre. Et ça m'énerve, tellement. Tellement que c'est indicible.

J'ai cette tête, de celle qui s'en est sortie, glorieuse. Des dents en moins et l'ostéoporose en plus, mais c'est tellement pas grave. Mais il y a ce truc qui reste. Une période se termine, et une autre doit commencer en temps normal. Mais j'ai le cul entre les deux voyez-vous, ce qui fait que je ne suis absolument nulle part. Vous savez pourquoi, il y a tous ces trucs qui sont toujours...là, bien planqués. "Tous", non. C'est juste...le dégoût. Quand on se dégoûte soi-même à ce point, je vous jure, que c'est putain de difficile d'avancer. Non, en fait...c'est plus que je ne me connais plus. Si je me suis connue un jour. Alors j'essaye des trucs, des nouvelles réactions, d'être présente. Mais tout ce cirque finit par m'emmerder au plus haut point, je deviens désagréable et finalement...finalement j'ai envie d'aller fêter noël en HP, parce que là bas, personne n'est dans la réalité, on a tous déclaré forfait, et que tout est tellement plus facile. Mais non.  J'ai dit que j'irai jusqu'au bout.

*elle m'a dit, c'est drôle comme vous avez l'air marginale, sans foi ni loi. Comme vous avez l'air je-m'en-foutiste. Et puis en fait...vous êtes une femmes de devoirs. Comme j'en ai rarement vu.e Tous ces "il faut" dans votre bouche. Non mais ça m'étonne pas que vous commenciez à péter les plombs."

Ça m'a fait sourire. C'est vrai que je ressemble à cette espèce de pseudo-rockeuse qui dit que des fucks et emmerde le monde parce qu'elle a besoin de personne, et qui se fout surtout éperdument de l'avis des autres. Avec mes mini-shorts par -10° (mais c'est seulement parce que j'ai l'air si grosse en jeans) et mes t-shirts noirs qui parlent que de flingues et de filles qui fument avec leurs yeux tellement maquillés qu'on en voit plus les pupilles. Ou ces motifs un peu psyché qui font un peu trainspotting. Et mon écharpe en tartan. Mon odeur de clope froide mélangée au parfum de mon père. Et mes bottes de motardes cloutées. Ouais. Mais c'est juste que j'ai l'air d'une sombre conne si je m'habille autrement. Je ne sais pas de quoi j'ai l'air. Il paraît que j'ai l'air froide et hautaine. Parce que je suis excessivement timide. Que je fais peur. Haha, mais si je fronce les sourcils...c'est juste que je suis tellement myope que je vois que dalle, il faut toujours que je force sur mes yeux. Que j'ai une trop grande gueule, avec de la répartie qui fait peur. Quand on est timide, si on se dépasse pas, on reste dans un coin. Que j'ai l'air d'avoir besoin de personne. Si vous saviez comme je suis dépendante des autres. De ce qu'ils pensent de moi. De leur réaction. De leur présence. Ptêtre que je me nourris moins que vous. Mais ma nourriture...ce sont les êtres qui m'entourent. Et sans eux, je meurs. Ma faiblesse. Je vous le dis, je suis une bonne blague à moi toute seule. Un mirage. Et si on enlève le physique, l'intérieur est tellement vulnérable qu'on devinerait jamais que les deux vont ensemble.

Je sais juste qu'hier, j'avais l'air d'une pauvre petite chose tremblante. Comme un toxico en manque. Je n'étais plus femme. Ni Homme. Juste une toxico. C'est dégueulasse. Vraiment dégueulasse selon moi. On a tous le droit à plusieurs chances bordel de merde. Mais peut être que tout ça leur fait peur. Que la peur fait parfois devenir con et méchant, un peu comme les choses qu'on ne connaît pas. Mais j'en ai juste rien à foutre. Ça n'excuse rien.

 

Trash_II_by_VooRda.jpg

 

 

*By Voorda @  DA. 

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9 septembre 2010 4 09 /09 /septembre /2010 12:24

Elle voulait savoir. Pourquoi jme triturais les mains comme une obsédée. Pourquoi j'avais la respiration haletante et pourquoi ma voix tremblait...alors que je lui ai clamé que j'allais bien. Elle a rit, m'a dit..."Coupez! On la refait, un peu plus convaincante cette fois-ci...?Vous avez un certain talent, tout de même...mais ici pas de cinéme je vous prie".

Elle, elle m'arrache le masque quand je m'y aggrippe. S'asseoir, ôter le maquillage, et parler. Parler, oui, parler. PLus difficile que je ne pensais. Sur la route j'avais répété pourtant, mes pensées mes questions et mes lubies. Mes inquiètudes mes angoisses mes joies et mes peines. Mais une fois sur la chaise, bien calée en face d'elle, je me suis tue et j'ai voulu pleurer, pleurer de toutes mes forces, hurler comme un chien battu et cracher ma douleur, là, tout de suite. J'ai ravalé un sanglot mal digéré et ai susurré, avec toute la peine du monde, que j'allais bien. Que ma tête allait bien, plutôt. J'ai dit, oui, si je fais taire mon corps, si j'omets de le faire parler, alors oui, je vais bien.

Je sais tellement bien le faire, "ça". Le bailloner, le regarder crever dans un coin et faire comme s'il n'existait pas, comme s'il n'était pas mien. Seulement...comme j'ai admis que c'était de la maltraitance...que j'ai ouvert les yeux et qu'enfin j'ai découvert qu'il faisait partie de moi, j'ai du mal, cette fois ci, à l'ignorer complètement. Et faire comme si.

Et puis cette fois ci, c'est différent. Un peu, dans la forme.

Après des blancs, des hésitations et un...jvais pas y arriver, j'ai mal au ventre et plein de choses encore...C'est elle qui a dû dire. Les mots. Du genre "inconnu", "lit", "alcool", "soirée", "pas choisi". J'ai hoché de la tête. "Vous savez qu'avoir une relation sexuelle n'est pas forcément mal...

_Là, si.

_Ah,...parce que vous ne l'avez pas choisi?

_Oui.Parceque j'étais saoûle, et parce que, merde, ça faisait longtemps que c'était pas arrivé, jcroyais que c'était fini, que c'était révolu, que...je suis tellement déçue de moi même, en colère, jme donne envie de dégueuler. Alors soit je continue, soit...

_...Soit Vous commencez à vous aimer?

Humpf, ouais, commencer à m'aimer. M'AIMER. A la limite, je peux essayer, d'apprendre à m'aimer. Le problème c'est les autres.

Cet homme, samedi, il a été différent des autres.

On a discuté, on a rit, on a fini chez lui. Il m'a offert un truc à boire. Je n'attendais qu'une chose, qu'il me mette dans son lit et qu'on en finisse, qu'il fasse son affaire et que je me barre. Mais lui, visiblement, le glauque, il en voulait pas. Il voulait me parler. Me connaitre, écouter de la musique. Me sauter (me faire l'amour?) dans son lit, pas dans des chiottes dégueulasses. Dans une pièce qui sent bon, un lit qui sent son parfum, des disques partout, des lunettes cassées et des boites de DVD éparpillées, des photos de sa famille ou de ses amis. C'est pas ce que je connais d'habitude. Pourquoi il a tenu à intégrer du respect lorsqu'il m'a prise, pourquoi cette tendresse et pourquoi ces mots doux au creux de mon oreille...pourquoi il a tenu à ce que je prenne son numéro sans même me demander le mien, pourquoi je me souviens encore de son prénom ou de ses yeux.

Il ne devait pas savoir qu'il étreignait un corps sali, abîmé et si vieux déja. Il ne devait pas savoir à qui il avait à faire. S'il avait su, je doute qu'il aurait déployé toute cette douce énergie pour rendre ce moment tendre et non pas animal. Je ne sais pas quoi faire de la tendresse, elle n'est pas pour moi voyez-vous. Il n'a fait que me déstabiliser et je...je me suis sentie tellement malhônnete, menteuse, sale. Je suis partie en pleurant, parce qu'il ne fallait pas qu'il m'offre plus. Je ne veux pas de son respect, pas de ses caresses, pas de ses murmures. Je ne veux pas qu'il me dise  que je suis belle, car ce n'est pas vrai. Il ne pouvait pas le penser. Il m'a dit que je l'intriguais, mais s'il découvrait mes mystères mon Dieu. Je n'intrigue personne avec mes mensonges et ce corps raccomodé de part en part, ces cicatrices, partout, cette saleté invisible incrustée dans tous les pores de ma peau. Je transpire la faiblesse, la mienne et celle des Hommes. Non, je ne méritais pas ses bras, je ne méritais pas ses égards ni son attention.

"J'aurais préféré...non, je ne sais pas ce que je préfère. Mais...enfin, c'est tellement plus facile quand il n'y a pas tout "ça". Quand on en reste là. Quand il n'y a pas d'autres échanges qu'un sexe entre l'autre et moi, froid, sans artifice. Quand je ne suis que le corps, que l'objet.

_Parce que vous vous considérez ainsi, vous voulez que les autres vous considèrent comme vous le faites. Parce que vous pensez être sale, vous attendez des autres qu'ils vous salissent. Vous parlez de la tendresse comme si elle n'était pas gratuite, comme s'il attendait quelque chose en retour. La tendresse, mademoiselle, on la donne par envie. Par envie. Il a voulu vous respecter parce qu'à ses yeux vous étiez peut être plus qu'un objet et vous n'arrivez pas à le supporter. Est ce que c'est si difficile pour vous de vous envisager autrement? Comment voulez vous que l'on vous aime, si vous même vous ne vous appréciez pas à vôtre juste valeur...Vous dites que le problème c'est les autres, moi je peux vous assurer qu'on l'aimera votre corps, qu'on VOUS aimera, sans problème. Et le problème, puisque vous en parlez, c'est vous. Laissez-nous d'abord nous occupper de vous, les autres, on verra ça après. D'accord?"

Elle sourit et ne cesse de répèter qu'elle sait combien c'est dur les notions de plaisir, de laisser-aller, de tendresse, d'affection, de corps. Mais non, elle ne sait pas. Elle peut imaginer, peut être. Mais pas savoir. Quand on sait, on a l'impression...que c'est trop irréversible pour imaginer pouvoir representer autre chose.

Quand je dis que je ne pourrai jamais me laver de ce que j'ai pu faire, j'entends que c'est le passé. Que ça fait partie de moi, mais que ce n'est pas moi. Mais je sais, moi, que je porte un corps qui sent le vice, le mal, la violence, la douleur, la trahison, l'oubli, les shoots, la gerbe, le déni, le mensonge, l'aigreur, la rancoeur, la vengeance, la fuite, les cris, la colère, la nausée. Je ne vois que ça quand je le regarde. J'ai passé la nuit à le regarder. Une nuit entière. A palper, toucher, serrer, pincer, tripoter...et vouloir arracher, tout. J'ai voulu m'écorcher pour enlever cette peau qui porte les traces. Qu'il ne reste que le coeur, la pulpe, mon essence...sans le reste. L'esprit sans le corps, et on est reparti pour un tour.

Il y a quelques mois je disais que c'était "normal", pour moi. Que c'était sans importance, puisqu'il (mon corps) ne comptait pas. Il n'existait pas, il était juste censuré. Il était là pour me porter, rien d'autre. Aujourd'hui je dis que je le maltraite. Je crois que c'est un mot un peu plus approprié. L'aimer. En voilà, une drôle d'idée. C'est le défi qui m'est lancé.

 

 

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29 juillet 2010 4 29 /07 /juillet /2010 21:30

"C'est pour ça que ça fait plusieurs semaines que je m'évertue à vous déresponsabiliser. Vous n'êtes pas responsable. Vous savez bien que la culpabilité est stérile, mais bon, soit, puisqu'elle vient toquer à votre porte...acordons lui un peu de temps...Donc, je répète, aviez vous le choix?"

Ça ne va pas.

Je ne sais pas trop où le dire, le hurler, le gerber, le crier, le murmurer.

Alors je viens m'épandre ici.

Ça ne va pas. Pas très bien. Pas du tout.

Pas la boîte. Pas ce soir. Ne pas l'ouvrir.

Arriver  à demain, merci.

Pas l'habitude, tant pis. Fallait que je le communique quelque part. Des fois que ça atténuerait l'angoisse. Sait-on jamais.

"Vous savez qu'actuellement vous avez besoin de forces. Alors là, vous allez devoir combattre, les armes en moins. Vous le savez bien. Ca commence toujours par là. Se priver de sommeil. La suite, on la connaît. Est ce qu'on ne pourrait pas, pour une fois, se défaire des vieilles habitudes? Réflechissez à ma proposition. Je vous conseille vivement de reprendre contact avec vôtre réferent."

Oui. Oui je veux. Les vieilles habitudes. Elles m'ont attrappées, ce soir. Je voulais attendre un peu avant d'appeller. Attendre quoi, hein?

"Vous fonctionnez toujours dans l'urgence?

_Disons que je suis plus productive, mais je suppose que beaucoup de gens fonctionnent comme ça...moi je repousse, je repousse jusqu'à n'en plus pouvoir.

_ J'avais remarqué. C'est bien cette seconde partie qui me fait peur."

J'ai mal au fond de moi.

Tellement prévisible. Tellement. J'aurais du le sentir venir. Conne.SNV84498.JPG

Se taire, toujours. Mais quelle connerie putain. Autant Se censurer en entier.

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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 14:11

Je ne vous ai pas conté ces derniers jours, ces dernières semaines toutes plus délicieuses les unes que les autres. Ce bien être oublié, cette sereinité...

Rire, se trouver plutôt pas mal, ne pas être opressée d'être avec les autres, éprouver du plaisir, faire des trucs qui nous plaisent, faire plaisir aux autres, rire encore, aimer, se sentir aimée sans l'interdir, partager les repas. DEGUSTER les repas, et ne pas les caler en 7 minutes. Non, s'asseoir et les partager. Retrouver les saveurs. Ne plus avoir peur. Peur de tout. Ne pas dépasser les limites par défi, parce qu'en fait on sait bien qu'il y a toujours de la merde au delà des limites, donc on évite, spontanément. Ne plus oublier les soirées parce qu'on était comlpètement raide. Non, être présente du début à la fin. PRESENTE. Pas dans les paradis artificiels. C'était si bon. Je vous jure. C'était simple, putain, mais tellement simple.

Je me suis aperçue que c'était agréable de se sentir bien et d'oublier. Pas oublier en faisant l'autruche, mais passer à autre chose, juste. Avancer. Aller au boulot, s'investir à fond, être soi-même et sourire à demain. Avoir des projets. Reprendre confiance en soi, parce qu'enfin on découvre qu'on vaut quelque chose.

Entendre des "Je ferai tout ce que je peux pour bosser avec toi. Quand je vois ce que tu fais...je veux." C'était bon.

Et puis au fur et à mesure...on ne sait pas ce qu'il passe. On sent que ça s'étiole. Que les parasites reviennent. Et les "Je t'aime." "Je te l'ai pas dit l'autre fois, mais vraiment je suis fière de toi." "J'ai envie de te voir' "On aime te voir comme ça" "Quand on te voit comme ça ça nous rend heureux" "Vous êtes vraiment courageuse". Tout d'un coup, tout d'un coup, on a envie de se boucher les oreilles. De ne pas entendre. On ne voudrait pas compter autant parce que tout ce qu'on veut c'est se foutre en l'air, sans que ça se remarque de trop. Sans faire mal.

Je ne sais pas pourquoi. Juste, tout d'un coup, tout se casse la gueule, comme ça, pour rien. La fatigue arrive, triomphante. Se remet en travers du chemin. Et hurle que voilà, c'est bien beau d'être forte, mais non, c'est pas vrai. Je ne sais pas si c'est la pression que je me suis mise pendant le stage qui se relâche. Si c'est le revers de la médaille, l'envers du décor qui s'affiche grand écran dans mon cerveau. Je pleure dès que je suis seule. Je veux pa s qu'on me laisse seule. Mais je ne demande que ça en fait. Je veux pas parce que j'ai peur, à nouveau. Peur de ce que je pourrais...il le faut mais il ne le faut pas. Cette idée s'impose à moi vous comprenez? Ca fait un truc du genre "Tu sais bien qu'il va falloir disparaître, tu ne tiendras pas. Tu n'y arriveras pas et tu le sais. Tu fais semblant comme toujours. Ce serait tellement plus simple que tu t'éteignes. Enfin libre, t'imagines? LI-BE-REE" Et ça se cogne, à "Ils vont penser que tu es une sale égoïste, ils ne comprendront pas, tu penses vraiment qu'à ta gueule, t'as pas le roit, pense à ta famille putain ils ne comptent donc pas?" Et si vous saviez comme j'en ai marre de penser aux autres. Mais je sais qu'une fois au fond de mon trou, personne ne dira que je me suis battue. Personne ne comprendra et essaira de le faire. Ils seront juste aveuglés par leur douleur et ne verront pas la mienne. Personne ne sera content pour moi. Pourtant je voudrais qu'ils le soient. Je voudrais qu'ils soient soulagés pour moi. Qu'ils se disent que je me suis battue, que j'en ai voulu, que je me suis donnée, mais que j'ai perdu la partie. Que j'étais pas heureuse, et qu'il n' y avait que cette solution pour être enfin libre.

Je n'ai pas peur de la mort. Je l'ai toujours envisagée comme une issue de secours, une porte de sortie quand on en voit pas d'autre. Et aujourd'hui j'en vois pas d'autre. Elle clignote. Comme quand on est dans le noir et qu'on aperçoit ce petit panneau "issue de secours". Alors on est rassuré et on sait que pas loin, il y a un interrupteur. J'ai peur pour eux. Je ne veux pas leur manquer. Mais je ne sais pas comment on fait. J'aimerais leur dire, les préparer. Et je crois que c'est ce que je vais faire. Vraiment.


Enfin j'ai quand même un peu peur. De l'irreversibilité de l'acte. Imaginons que ce ne soit qu'un passage, que ce ne soit que la "maladie" qui reprenne le dessus et qu'en fin de compte...dans 2 mois je repasse par la période de bonheur que je viens de traverser. Je sais plus. Putain. Perdue. Je ne sais pas à qui en parler. Moi la mort, j'en parle sur le même ton que lorsque je dois aller acheter du pain. Les autres, ils s'affolent. Quand je m'était ouvert les veines, à l'hôpital et qu'on m'avait retrouvée, au réveil j'avais souri à l'infirmière, en susurrant, avec la force qu'il me restait, "c'est pas grave"...

C'est pas grave.

 

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 14:03

Avant que mes mains n'attrapent quelque chose, n'importe quoi, un appui, une branche, ma tête a claqué sur le sol. Le parquet ma semblé si froid. Brut. Consciente de tout ce qui se passait au dehors de mon corps inerte, mes yeux restaient fermés. Prisonnière de Lui. Je pensai alors aux paralysés, enfermés dans la prison qu'est leur corps. J'imagine que ça doit être pareil. J'entendais tout. Savais mon corps à terre, allongé là, inconscient. Contente qu'il n'y ait personne autour. Je n'avais plus qu'à me réjouir d'être ce jour là exceptionnellement seule au bureau. Qu'est ce que j'aurais dit, sinon. Parce qu'ici, je ne suis pas malade, je suis graphiste. 

Au travail il n'y a pas de place pour les états d'âme. Pas de place pour les malaises, pas de place pour la dénutrition. Je m'efforce juste de faire ce qu'on me demande avec entrain et bonne humeur. Et puis j'aime ce que je fais. J'ai cette chance. Je voudrais que ça ne s'arrête jamais. 

Quand la pharmacienne est désagréable parce que je ne passe pas tous les jours pour prendre ma méhadone, et que je lui réponds que je travaille et donc que j'ai du mal à passer tous les jours, ce qu'elle surenchérît par un "non, alors ça, non, vôtre santé passe avant", j'ai juste envie de lui foutre un pain, après tout, qu'est ce que ça peut lui foutre, vraiment? Mais quand elle insiste -lourdement- sur le fait qu'il faudrait VRAIMENT que j'aille voir mon médecin et que je cesse VRAIMENT de décommander mes rdv, je me rends compte qu'elle me paraît désagréable parce qu'elle s'inquiète, c'est juste ça qui la rend si antipathique. Et si je réfléchis -encore- je me souviens les paroles de la psychiatre qui me dit qu'elle s'inquiète. Qu'elle a parlé longuement avec la psychomot' qui s'inquiète aussi...de mon poids. Toujours ce putain de poids à la con. Je finis par rappeller le médecin pour la métha, qui me demande comment je fais alors si je la prends pas tous les jours, je n'ai plus qu'à me sentir découverte, nue, alors que tous mes mensonges s'écroulent, lorsque le blanc au téléphone se clotûre par un "je veux vous voir vendredi à 9H. et vous me ferez quelques analyses". Tout se resserre contre moi. C'est comme si je n'étais que spectatrice, que je n'étais plus maître... Et toute cette inquiètude que je génère et que je persiste à ne pas comprendre, cet évitement constant de mes proches par peur des remarques, ces enfilades de pulls, de caleçons, de collants, d'écharpes. C'est quand même que quelque part, j'ai conscience que. Alors pourquoi il y a cette autre connasse qui s'entête à nier, à s'accrocher à du vent, à s'accrocher à sa prestance soit disant convaincante. 

Moi je ne vois que cette silhouette qui s'étiole, ce rôle qui se casse la gueule lamentablement. J'y mets tout mon coeur, mais personne dans le public n'applaudit. Et lorsque je me retrouve dans la loge, je n'ai plus qu'à gober mes cachets pour m'éviter de pleurer, quand le maquillage coule, ça rend laid.

Je rentre dans son bureau avec une assurance démesurée. Et quand je m'assois sur la chaise, mes jambes tremblent. Mes lèvres se mettent à bouger elles aussi, imperceptiblement. De l'eau envahit mes yeux. Mais rien ne doit couler. Je me sens débile. Débile de lui avouer que moi, 24 ans, suis incapable de me faire un repas. Je ne sais pas comment on fait. Je ne sais pas ce que j'ai envie de manger. D'ailleurs, ai-je envie? Ce qui me ferait plaisir de manger? J'ai un joker? Alors j'ouvre le frigo, ça oui. Je contemple et sais même combien il y a de cornichons dans ce bocal, là, à droite du pot de mayo qui est périmé au passage. 

On a du établir une liste de courses ensemble, parce que je peux rester 3 h dans une grande surface et n'en ressortir qu'avec quelques pommes histoire de ne pas avoir l'ai complètement stupide et à côté de la plaque.

Et cette fatigue. Je la deteste. Elle n'existe pas, je l'ignore, la repousse. "Vous vous êtes regardée dans un miroir? Vous avez vu vôtre visage? Parce que je dois vous dire que vôtre maquillage ne camoufle pas vôtre pâleur, au risque de vous vexer. Mais vous savez où sont les toilettes, vous pourrez allez vous y repoudrer en sortant." Rire jaune. "Je n'ai pas dormi cette nuit". Pourquoi? Joker aussi? Est ce que je dois aussi dire que je ne me couche pas? Non, parce que je pensais que j'étais insomniaque, mais je viens de réaliser que j'ai tellement peur de m'arrêter, que j'essaie d'éliminer ce moment où je vais devoir dormir. Donc une nuit sur deux, je ne dors pas.

"Vous avez que vous ne tiendrez jamais 2 mois comme ça? Vous n'êtes pas la plus forte du monde. Je vous laisse un délai. J'espère simplement que d'ici là, les choses n'empireront pas. C'est tout."

J'avais juste envie de lui hurler en pleine face qu'elle m'abandonnait (ce n'est qu'une interne, elle arrive au terme de son stage), qu'elle allait partir et me refourguer à un autre psychiatre que je deteste. Je n'ai pas écouté. J'ai eu envie de lui dire en sortant qu'elle fera une très bonne psychiatre, que j'ai aimé travaillé avec elle, et que maintenant, elle allait devoir partir. Et me laisser sur le bord de la route. Je ne sais pas pourquoi, mais elle m'a quand même convié à un autre rdv. Un "c'est gentil" m'a échappé, elle m'a répondu qu'elle ne pouvait pas en rester là, "vu vôtre état de santé". J'ai eu envie de la maudire.Ω.


Edit: Miren, Caducee...

Dans 2 mois, j'y vais. J'accepterai toutes leurs conditions. J'ose dire que j'ai hâte, oui, parce que seule je n'y arriverai pas. Je crois que j'en ai besoin, j'y crois, tout au fond de moi. Par intermittence, certes, mais il y a des moments de lucidité où la réalité reprend ses droits. Et là j'ouvre les yeux. J'peux dire, "et là, c'est le drame" ? lol Tellement plus facile de les refermer. Je ne veux pas mourir.

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31 décembre 2009 4 31 /12 /décembre /2009 01:58
Psychiatre aujourd'hui.
Dur.
Je ne sais pas ce qui m'a pris d'éclater en sanglots. "Vous m'avez pourtant dit que ça allait en entrant dans ce bureau, comment vous croire?". J'ai craqué et m'en mords les doigts. Conséquences, hospitalisation lundi à 11h.
Je crève de peur. "T'as le moral ma puce,ça va?_Oui maman t'inquiète, franchement ça va'.
Comment je vais l'anoncer. Comment? J'ai décidé d'attendre un peu. Au moins que le réveillon soit passé. Quelle conne. Je me hais. Au pire j'irai pas. Peuvent pas m'obliger à y aller quand même! Hein? Dites moi...Si je me présente pas, qu'est ce qui va se passer? Bordel. Chaos dans ma tête. J'ai envie de me soigner, et si ça ne tenait qu'à moi, je n'aurais pas attendu lundi. Mais c'est pour ma famille...et particulièrement ma mère, je l'ai tellement malmenée, j'angoisse en imaginant sa réaction. Elle m'avait prévenue. "Tu sais que quand tu passes la barre des 46kg ça finit toujours mal, tu le sais". Mais j'y arrive plus, à me forcer. En plus j'ai peur de vomir maintenant.
Elle a eu la wii-fit à Noël. "Ben monte dessus, vas y fais ton profil!_Non non, je le ferai demain tranquille maman..._Oh quoi, on s'en fout, t'as des choses à cacher?_Euh non...non enfin je suis crevée là, je monte." Quoi, j'allais pas non plus me peser en public, c'est horrible!
Et puis jfais nimp' avec le subutex. Je consomme encore à côté. Samedi j'ai voulu dire à mes amis que j'étais sous subu mais rien n'est sorti. Au lieu de ça j'ai continué à sniffer comme une débile. Si je leur disais, ils prendraient la peine de ne pas tout sortir devant moi, de ne pas m'en proposer et de ne pas en parler.

"_Vous faites quoi demain soir?
_Je reçois chez moi
_Vos amis qui consomment de la cocaïne?
_Oui
_Eh ben vous allez leur dire de ne pas en ramener
_Je ne me vois pas leur interdire d'en prendre sous pretexte que moi je ne sais pas gérer ma consommation
_Oui eh ben ils en prendront après ou avant mais pas chez vous. Vous comprenez ce que je dis?Être dans une démarche de soins ça commence par là Mlle S.Si je vous propose une cure, vous en pensez quoi?
_"Cure", ça fait vraiment droguée hein? Ecoutez, ma conso est occasionnelle et j'ai arrêté de consommer seule, je pense pas que j'ai besoin d'une "cure".
_Votre consommation n'est pas occasionnelle, mademoiselle S., je me permets de vous le dire. Deuxio, vous vous mettez gravement en danger. C'est de pire en pire. Regardez vous enfin! Vous vomissez, vous avez perdu 6 kilos en 10 jours, vous ne dormez plus, mentez à tout le monde, et puis vous bougez dans tous les sens...
_Je sais, mais je suis encore debout...je vais attendre de voir comment ça se passe, et on verra pour l'hospi, je suis sure que ça va aller...
_Debout, pour combien de temps encore? Hein? Vous montez un étage et vous devez reprendre votre souffle à 24 ans!"Ca va aller", je sais que vous y croyez quand vous dites ça, je sais que vous voulez être rassurante et c'est bien d'être optimiste. Mais pas de chance, je suis médecin et peux vous dire que non, ça ne va pas aller. Votre entourage est plus important que votre santé? Imaginez qu'un proche se drogue, vous régissez comment?
_J'essairai de l'aider..
_Votre famille c'est pareil. Et si vous les aimez tant que ça, vous devez vous soigner. Vous voulez que ça se fasse en entretien, que je leur parle?
_Nooon, non non, je m'en charge.
_Donc, je préviens le service de votre arrivée lundi matin à 11h.
_Putain mais à chaque fois c'est pareil, encore un échec, j'en peux plus...
_Combien de fois tombe un enfant qui apprend à marcher?
_PLein de fois..."

Me suis écroulée dans les escaliers. Dans le métro j'ai pleuré comme une gamine. Tout le long de la route. Je suis rentrée chez moi et j'ai essayé de manger, tout vomi. Je suis au pied du mur et je ne voulais pas en arriver là. Mais quelle conne putain, j'esperais quoi, hein?
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22 octobre 2009 4 22 /10 /octobre /2009 21:27
Pour tous vos mots...ça me touche profondément.
Hier j'ai vu l'éduc spé de "Réagir", qui m'a proposé une hospi que j'ai refusée. Je vais donc poursuivre un suivi ambulatoire pour diminuer progressivement mes doses et compenser avec un anxyo, et puis surtout rencontrer un médecin qui me fera faire un bilan de santé complet, ce qui peut être pas mal. Je suis ensuite allée au foyer pour prendre ma provision de médicaments, et là, j'ai carrément flanché...J'ai commencé par aller vomir, et je tremblais comme une dingue, c'était horrible. Ma tension était à 17, puis est descendue à 10...Les infirmières ont négocié avec moi une hospi pour ce soir, histoire de passer la nuit dans un lieu sûr, sans être tentée par quoi que ce soit. J'en peux plus de me cacher. C'est trop lourd à porter. Je mens à tout bout de champ, histoire de sauver les apparences et maintenant je suis piégée...J'aimerais tant pouvoir leur dire, juste, "ça va pas très bien mais je me soigne, je me prends en main", mais ça me parait insurmontable...
Mercredi dernier, épuisée, je n'ai pas pu aller en cours. J'ai mangé avec ma mère, qui m'a glissé un vénéneux: "Tu vois, tu vas encore te mettre en échec et te créer des problèmes pour que ce ne soit pas ta faute! Et puis maintenant t'as plus d'excuses, c'est la faute de personne, uniquement la tienne" Je ne sais pas comment lui dire que ce n'est pas aussi simple, et que je suis malade. J'aimerais me faire hospitaliser, parce que je ne vois pas comment ça pourrait aller autrement; j'ai dépassé la phase où je me disais que je pourrai m'en sortir seule. Et que si je ne me soigne pas, ça va mal finir. Physiquement, c'est horrible, psychiquement, c'est très douloureux. Mais leur dire...putain. Trop peur de leur réaction, de leurs mots, de leur attitude. Je me suis enfermée dans le mensonge et c'est horrible, je ne sais plus comment en sortir...et si ça continue, un jour je vais péter un plomb et c'est aux urgences qu'ils apprendront tout ça, et ce serait bien pire...J'ai peur. J'ai perdu le contrôle, tout est chaos, c'est le bordel putain, je suis paumée...Ils m'ont dit que bientôt, je ne pourrai plus choisir.
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18 octobre 2009 7 18 /10 /octobre /2009 13:34
Je ne sais plus quoi écrire.
Encore un week end. Mouvementé.Festif mon cul.

La psychiatre a prévu une hospi pour moi, je la vois demain. J'appréhende ce qu'elle va me dire.
J'ai perdu du poids, parce que je vomis beaucoup ces derniers temps. Je ne dors pratiquement plus. Dois m'enfermer dans les toilettes de l'école pour pleurer  ma chute. Je ne sais plus.

"On vous sent sur la corde Eugénie. Sur le fil. Mais vous avez tenu jusqu'à maintenant, vous avez fait le plus gros, grâce à votre volonté et vôtre determination. Vous êtes bien plus forte que vous semblez le croire.Vous allez vous en sortir".


C'est tout ce que j'ai envie d'entendre. Qu'on croit en moi. Qu'on me rassure.
Parce que là, vraiment. J'ai du mal à y croire. J'ai du mal à voir demain. J'ai l'impression que je vais crever tous les quarts d'heure. Que c'est la fin qui vient me chercher, enfin.

"Vous passez d'une anorexie tyrannique à un manque de contrôle total. Ca fait des années que vous bousillez vôtre corps, vous avez perdu des dents, vous vomissez, vous êtes anémique et votre foie ne supporte plus rien, ça ne vous fait pas réagir? Vous êtes épuisée, moralement, physiquement, et au lieu d'aller dormir vous prenez toutes ces merdes. On ne peut pas dissocier le corps de l'esprit, vous ne pouvez pas lui faire la guerre éternellement vous comprenez?"

Je comprends. Trop bien même. Mais la haine me consumme. Je lui en veux de me lâcher. Trahison amère. Et puis pourquoi, qu'est ce qu'il m'a fait putain? J'en sais rien. Juste que je le deteste. Il porte des traces invisibles d'un passé que je veux oublier pour toujours.
Et sourire. Pour ne pas flancher. Pour ne pas décevoir, inquièter, blesser. Sourire.

Je n'ose plus mettre de photo de moi.
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*Anorchidea*

  • : [La pÂleur mOntre JusQu'où le cOrps PeUt cOmprendRe l'âMe]
  • : Le pardon ne pouvant s'envisager, seule une vengeance violente, une décharge de tout ce qu'il y a de mauvais, malsain, au plus profond du subconscient, pourrait permettre de ne plus penser aux noirs souvenirs qui gangrènent ma chair me rendant chaque jours un peu plus malade. Mes pieds s'enlisent, mon esprit les suit. Je me perds. L'anorexie fait partie de ma vie depuis trop lontemps.
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