Il faut que je m'adapte. Ça tourne, là haut. Ça bourrine, ça rumine,ça pense en permanence. Parait que je suis en plein virage. En plein changement. J'ai peur. Très peur. Je suis une trouillarde. J'ose tout et rien. J'ose et me rebiffe, regrette, me pose des centaines de questions. L'inconnu me chatouille, me tend les bras, mais je connais pas et j'ai la frousse.
Me lance plein de projets. Une ligne de motifs pour des T-Shirts, ma nouvelle entreprise, et changer. Pour de bon. Évoluer. Stopper le cirque, la machinerie lourde que j'ai fait marcher pendant toues ces années. Les boulons sont rouillés, ne conviennent plus. La mécanique se fait plus lente.
Tous mes travers sont en train de se résorber, petit à petit. Oh, je garde quelques "trucs", des lames, du shit pas bon, un peu de codeïne de temps en temps. Histoire de bien dormir. Mais c'est tout. Je dis des phrases comme "non, ça c'est bon j'en ai encore chez moi" à la pharmacienne. Des phrases de fille sage, raisonnable. J'ai du mal à y croire. Que ça sorte de MA bouche à moi. Mais je change. Je ne sais pas si ça me plaît. Je ne sais pas si ça plaira. Je ne sais plus. Il faut, à un moment donné, grandir je crois. Grandir ne veut pas forcément dire devenir fade et inconsistante. Au contraire. Enfin j'imagine.
J'ai peur, un peu quand même. Que mes amis me trouvent moins drôle, moins comme ci, moins comme ça. J'ai peur que je sois devenue chiante. J'ai pas changé ma personnalité profonde. Mais certains trucs ne font plus aprtie de moi. Je me suis mangé trop de gifles, trop de coups, trop de bleus sur la peau, trop de griffes, pour vouloir continuer ainsi. Trop de blessures infligées au Corps, à l'Âme, pour en rester là.
C'est à moi qu'appartiens de faire le choix de changer, à moi seule. Personne ne peut le faire pour moi. Ma sauver, il n'y a que moi qui puisse le faire. Depuis toujours, mais c'est aujourd'hui que j'en prends conscience. Tout ce qui s'est passé , tout ce que j'ai pu faire pour me blesser, ça fait partie de ma responsabilité. Évidemment, il y a eu des traumas, des choses extérieures. Des paramètres qui n'étaient pas de mon ressort. Mais le reste...C'est dur à dire, c'est dur à admettre. C'est dur de se dire c'est moi qui l'ai voulu. Et je crois que ça n'est pas très vrai, du reste. On fait ce qu'on peut, comme on le peut. On supporte les choses avec fragilité ou non, avec sensibilité ou non, chaque chose nous est propre. Les uns vont me trouver fragile, les autres solides, c'est subjectif tout ça. Moi, j'ai choisi l'auto-destruction pour me soulager, pour me défouler, pour vomir le tout. L'indicible. L'insupportable. Le malsain. C'est comme ça. Peut être était ce la seule issue que j'ai trouvé à ce moment là.
Mais aujourd'hui, ça ne me convient plus. Ça ne me suffit plus. Trouver d'autres fonctionnements, d'autres moteurs, ça c'est d'actualité. Évidemment, côté bouffe, ça va pas se faire du jour au lendemain. Évidemment, je vais pas jeter mes lames du jour au lendemain. Évidemment. Mais je le sens en moi. Je sens. Tout vacille. Mon monde s'écroule. Un autre ressurgit. Peut être au fond, je me (re)trouve. Avant que tout ne se salisse. Avant le tsunami. Avant tout ce dégueulis d'immondices. Peut être que ma vraie nature, enfin, se révèle. Sans parasite. A nu. J'ai tant attendu ce moment. Et à la fois, je ne me reconnais plus, je ne suis plus moi, j'ai l'impression d'être une autre que je ne connais pas. Et ça, ça fout les jetons. Peut être est-ce un passage obligatoire avant la "guérison". Au moins la convalescence.
Ça fait des semaines que j'en veux au Risperdal. De m'avoir changée de la sorte. Même si je l'ai désiré, je n'étais pas prête à ce que ça arrive maintenant. Mais finalement...finalement peut être qu'il est temps. Temps de me tendre la main et de me sauver la vie.
Le temps est venu. Grandir.