10 décembre 2009
4
10
/12
/décembre
/2009
19:45
Dans les murs. Dans le noir, dans le froid, je patauge dans la mélasse et continue à sourire comme si c'était encore la peine. Personne n'est duppe, personne n'y croit plus, tout le monde est avec moi, dans le trou. Et ça me fait encore plus de mal que tout le monde se rende disponible, gentil, réconfortant. Et quand je me retrouve à sniffer tout mon subutex d'un coup, je me dis que je les poignarde dans le dos. Comme ça, sans prévenir. D'un coup je fous en l'air leur tendresse et leurs mots doux. Je les quitte dans un malheureux "ça va aller", je ferme la porte de ma chambre et l'enfer commence. C'est comme ça tous les jours. Et je pleure encore, encore, et encore. Sur mon pauvre petit sort. Je me hais. Je me hais de ne pas savoir faire autrement qu de me foutre en l'air dès que j'en ai l'occasion. Vous me direz que j'ai qu'à me foutre en l'air une bonne fois pour toutes et tout ça serait réglé, mais il y a toujours un truc qui me retient et c'est un truc qui s'appelle la famille et les amis. L'affectif. J'ai pas le droit de le faire vous comprenez? Je les aime trop pour ça.
Alors je vais prendre ma méthadone tous les jours au centre, avec tous les autres. Le fermer et prendre sur moi.
Quand j'ai dit que j'avais tout sniffé d'un coup, le psychiatre m'a dit, "ne me refaîtes plus jamais ça. Si on limite les doses, c'est pas pour vous punir, juste pour vous maintenir en vie ok? Et vous voudriez que je vous en re-prescrive? Vous commencez à me mettre dans une situation difficile, j'espère que vous comprenez. Je n'ai pas envie que vous froliez le danger; je veux dire, danger mortel. Et vous savez".
Je sais. C'est bien ça le pire. Et je continue. Connasse. Pourquoi ce dédoublement perpetuel? Pourquoi ça dure aussi longtemps?
"Il faut que vous preniez conscience que vous faites ce que vous pouvez. Vous essayez, vous vous battez. Mais vous êtes trop exigente envers vous même".
Ce que je peux. Ce que je peux. C'est ça que je peux?