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9 juillet 2011 6 09 /07 /juillet /2011 13:50

Mon cadre est parti. Mes grands parents sont partis pour l'été. J'étais ravie de pouvoir "tester". On sait tous comme j'aime me tester, ça n'est pas un secret. Parce que je suis sous l'emprise de cette euphorie, parce que je me sens invincible, et parce que je vais bien. Je vais bien puisque j'avance non?

Je n'avais rien prévu de ce chaos. Mais peut être que j'ai tellement désiré et à la fois appréhendé ce moment que j'ai presque...tout fait pour qu'il se passe de cette manière. J'avais tellement peur.

L'année dernière, à cette époque il me semble, j'étais dans le coma. Parce que je n'avais pas su. Je ne voulais pas mourir. Je voulais...que ça s'arrrête. Que l'angoisse s'arrête. M'anesthésier quelques heures, et me réveiller sereine.

Sauf que non, on sait bien que non.

Comme j'ai pas vraiment la force de balancer ça autrement que comme une grosse pleurnicharde...je l'écris tel quel.

Depuis qu'ils sont partis, j'ai arrêté de courir, de dormir, et surtout, surtout je ne fais que bouffer. Je vois je n'ai pas perdu l'endurance, je peux toujours m'empiffrer avec beaucoup de soin, en grandes quantités, jusqu'à me faire péter la panse. Jusqu'à ce que le moment soit venu d'aller se faire exploser les vaisseaux au dessus de la cuvette des chiottes. Et s'humilier, se faire bien du mal, ressembler à un monstre, et puis s'imprégner du vomi. Balader l'odeur rance des acides gastriques. Et puis avoir cette gueule de hamster à cause de ces putains dde glandes salivaires qui gonflent. J'ai l'impression que tout le monde sait que tous les soirs je m'adonne à ce triste rituel de la fille qui tue la solitude en vidant tous les palcards, un par un. J'ai peur putain, j'ai tellement peur. J'ai peur que ça ne s'estompe pas, j'ai peur que tout l'été je sois vouée à l'esclavage de la purge. Ca faisait tellement longtemps que je n'avais pas fait de crises. Tellement longtemps que je n'avais pas ressenti cette honte horrible de la perte de contrôle. Non, moi j'avais la possibilité d'arborer le visage fier, le visage émacié de la fille qui gère à fond. Pas de monstre bouffi, juste un tyran mortellement pur.

Putain ce que je me hais bordel de merde. Mais pourquoi putain!? Pourquoi il faut toujours que ce connard de contrôle m'échappe? On me dit toujours que je suis une fada du contrôle mais c'est complètement faux, j'AIMERAIS contrôler mais je ne contrôle que dalle. Je veux courir 1h par jour, il faut forcément que je cours plus, bien plus, jusqu'à ce que j'en puisse plus; je veux équilibrer mes repas, soit c'est draconien soit c'est l'orgie, j'essaye de maintenir ma vie sociale, en vérité soit je sors comme une braque tous les soirs en buvant comme un trou et en faisant sauter dans des chiottes pourris, soit je vis en otarcie, à chaque début de traitement je me dis que je vais le prendre régulièrement, en réalité soit je l'arrête net, soit je m'avale la boite d'un coup...et ainsi de suite. AINSI DE SUITE. Noir ou blanc, tout ou rien. Je suis crevée de tout ça, je suis épuisée. 

La verité c'est que j'ai 25 ans et que je ne sais pas rester toute seule, voilà la verité. J'ai essayé...je veux dire j'ai tenté le truc de faire les courses presque quotidiennement pour ne pas avoir de reserves, j'ai essayé d'aller refaire un footing mais mes jambes ne veulent pas courir à cause de ma circulation sanguine, elles gonflent tellement que ça...je ne peux simplement pas courir. J'ai essayé de me mettre une heure limite pour aller me coucher pour ne pas alimenter ma dette de sommeil, j'ai aussi demandé au médecin d'augmenter mes visites à la pharmacie pour ne pas me retrouver avec un stock ingérable de méthadone. J'ai essayé. J'y ai mis toute ma volonté.

Mais je ne contrôle pas. Je ne contrôle simplement pas.

En fait...c'est même pas ça le problème. Le problème c'est qu ej'angoisse à mort parce que je n'ai aps prévu mes vacances et que normalement je devrais partir rejoindre mes parents à ST Tropez mais je ne veux pas. C'est bien, j'y passe de bons moments et je ne veux souvent plus en partir. Mais ce ne sont que des paillettes mal collées sur des dérapages...qui ne sont pas vraiment luxueux. Ce sont toujours les même dérapages, avec un peu de brillant dessus. Avec de la coke de luxe, des yachts de luxe, des robes de luxe, mais...Se retrouver seule, le mascara tartiné de long en large sur le visage, les narines saignantes et le string complètement roulotté....ça, ça n'est pas vraiment ce qu'on peut appeller du luxe. Alors il faut que je me protège parait-il. Il faut aussi que je prenne du bon temps parait-il. Et je vais les décevoir. Ils vont être déçus. Ils ne le seraient pas s'ils savaient ce que je cherche à éviter. Mais je ne peux pas. Je ne peux pas leur dire. Ils ne comprendront pas. Et ils seront déçus. Et je serai triste. 

Et mes amis? Mes amis...il est clair que lorsque je suis en période d'orgie mal contrôlée, avec ce corps difforme et les bajoues qui pendent, non, je ne les vois pas. Je suis trop fière pour ça, trop pudique, et il n'est pas question que j'expose ma déchéance aux yeux de tous. Hors de question. Pas envisageable. Et puis quoi, dire, "non ça va paaaassss bla bla bla bluurp", non, franchement non. Je me reconnais pas. Je deteste être faible. Je deteste ployer.  Je me deteste. Et puis mes psys se cassent. Voilà ce qui va pas: Mes vacances, et LEURS vacances. Parce que je suis seule, toute seule, et...que je pourrais même pas aller me lamenter dans leur foutu bureau. Soyons claires, il n'y a qu'elles qui ont le privilège de connaître mes déboires. Je ne me confesse à personne d'autre. Et si je ne le fais pas, je fais de la rétention, et si je fais de la rétention...j'explose. 

Elle m'a dit "vous me promettez d'appeler l'hopital si ça ne va pas? Vous savez qu'il y a toujours quelqu'un, vous êtes capable de le faire. Vous y passez la nuit, on s'en fout, ne le dites à personne si vous le voulez mais appellez..." Bien sûr. Déjà que j'y ai passé Noël,  je vais pas non plus aussi y passer mes vacances d'été...ou alors...non.

Quand j'ai minaudé lamentablement un "mais ça va passer. Ca finit toujours par passer, ça va aller..." Elle m'a répondu. "Mais bien sûr que ça va aller, avec vous même dans la pire des situations ça va toujours! Non, ne vous débinez pas avec ces phrases stériles. Je ne sais pas si ça va aller. Je ne sais pas si ça va s'estomper. Mais si vous persistez à ne pas vous écouter, ça va durer deux mois. C'est tout ce qui va arriver, et vous le savez aussi bien que moi! Vous vous plaignez parce que votre corps parle trop, il a mal quand vous courrez, il a mal quand vous mangez, il a mal quand on vous masse, vous execrez vomir, vous ne supportez pas les kilos, vous detestez vous sentir fatiguée...Oui, il vous parle, mais ne le laissez pas parler tout seul! Ecoutez le un peu...Pourquoi vous êtes fatiguée? Parce qu'il est faible ou parce que vous vous privez de sommeil? Il a mal quand vous mangez...rappellez moi comment vous mangez? Evidemment que vous êtes obligée de vomir! Avec la taille de votre estomac, il doit être plein assez vite je me trompe? Vous ne l'écoutez pas, jamais. Ensuite, il se plaint, et là, vous le saquez. Ecoutez, on va tout faire pour que ça ne dure pas deux mois. Mais il a besoin de vous. Vous êtes une EQUIPE Eugénie. Et rappelez vous qu'il y a quelques semaines, vous découvriez AUSSI qu'il pouvait vous apporter....Donnez lui une chance. "  J'ai horreur qu'elle fasse ça. J'ai horreur quand elle débite toutes ces phrases à toute vitesse...elle fait ça quand elle s'inquiète. je le sais, au bout de 7 ans...elle me connaît, mais je la connais aussi. Et elle ne le fait jamais gratuitement. Elle ne me met jamais au pied du mur pour le plaisir. Elle le fait quand il faut agir. Quand on n'a plus le temps de tergiverser pendant des semaines. J'ai envie de lui hurler d'arrêter, je sais tout ça, je sais tut ce qu'elle me raconte, j'ai compris. Mais pourquoi...pourquoi il suffit pas de savoir pour le faire? Je croyais que c'était ma tête le chef, je croyais que si elle était ok ça marcherait, que...ce serait facile. "ça prend du temps". Ouais, bah en attendant on est bien avancé tiens.

Je vais y arriver. J'y arrive toujours. C'est juste...il faut que j'élimine les problèmes. Organiser mes vacances. Dire à mes parents "non". Vous savez le pire? c'est que c'est juste ce "non" qui me fout tellement les boules que ça me rend malade. C'est pas une rechute ni rien de tout ça. C'est juste cette angoisse démesurée du "non". Ce que c'est con. Ah, et aussi mon angoisse que...mes amis...ne soient pas là pour moi. Enfin évidemment si j ene leur parle pas ils ne peuvent pas le deviner, ni si je les évite, ni si je me cache. Mais voilà. Une fois que "ça" sera réglé, je pourrais continuer à guérir tranquillement. Voilà.

Ah, je me sens plus légère :)

 

Au fait, suis je la seule fille à faire des crises de BV sans se faire DU TOUT plaisir? Qui a vu qu'on faisait des crises à base de pommes bouillies, de galettes de riz, pain azyme,salades de fruits en boite, ratatouille et autres purées de légumes? J'ai tellement peur de ne pas tout vomir. Encore heureux que les médias sont là pour nous donner des tactiques. Jsuis pathétique.

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commentaires

H
Pour une fois j'ai pris une décision raisonnable.
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C
<br /> <br /> Continue à te battre , avec autant de volonté , on finit toujours par retomber sur ses deux pieds. L´été ne sera pas de tout repos , mais continue à te battre , continue à donner un sens à ta vie<br /> , tu finiras par te relever . J´en suis certaine. Du courage , du courage , du courage .      Je t´embrasse . <br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> "ça va passer" me rappelle une super chanson des VRP, tu connais ? http://www.youtube.com/watch?v=USpiBMaYwlY<br /> <br /> <br /> Pourquoi il ne suffit pas de savoir pour guérir, grande question. Savoir c'est déjà vachement bien, car sinon, va savoir quand tu sais pas, tu peux rester dans ta merde toute ta vie.<br /> <br /> <br /> Mais quand tu sais, tu peux AGIR. Travailler sur tes peurs, les approcher, les dépasser, car tu SAIS qu'elle ne sont pas mortelles.<br /> <br /> <br /> Dire non n'est pas MORTEL, personne ne va te tuer. Quand tu disais non à 3 mois, non je ne veux pas être abandonnée, non je ne veux pas me gaver de biberon, la réponse de tex vieux n'étais<br /> probablement pas adaptée. Cela semble rien à un adulte cette maltraitance du nourrisson, mais il faut la remettre dans le contexte : un nourrisson ne SAIT pas que maman va revenir et qu'il ne va<br /> pas mourir de l'abandon. Il n'a pas la notion du temps, il n'est que ressenti sans interprétation consciente, c'est pourquoi les effets sont aussi dévastateurs.<br /> <br /> <br /> Quand maman nous laisse SOUFFRIR en disant "c'est rien mon bébé, c'est keudal, tu n'as pas mal, tu n'as pas faim, et je n'ai pas envie de te prendre dans mes bras et te donner le sein, et puis<br /> surtout JE T'AIME. Le cerveau du bébé se développe dans un merdier extraordinaire, surréaliste, l'amour c'est avoir mal, maman t'adore mais elle trouve que tu pues et elle te laisse, après elle<br /> se barre et peut-être qu'elle ne reviendra jamais. Sans interprétation, c'est à peu près ce que ça donne dans la tête du bébé.<br /> <br /> <br /> Tu as beau savoir tout ça, CORPS a encore ces automatismes. Il ne sait pas quand il a faim, il ne sait pas quand il n'a plus faim, il ne sait pas quand il a mal, car tout cela il ne l'a pas<br /> appris, ou appris de travers. Pour débrancher les sens, et les remettre à leur place, il faut je pense que tu afrontes ce NON à maman, il ne te tuera pas contrairement à ce que croit CORPS.<br /> <br /> <br /> Douce nuit, à cette heure <br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Chère Eugénie, <br /> <br /> <br /> S'il y a bien une chose que tu dois te mettre dans la tête, c'est que tu n'es pas pathétique. Tu souffres, voilà et c'est déjà trop. Pas besoin de flagellation supplémentaire. <br /> <br /> <br /> Tu as beaucoup avancé, mais comme le chemin est malheureusement caillouteux, parfois on chute et on s'égratigne. Mais on sait dans quel sens repartir et on repart. <br /> <br /> <br /> Alors si tu tombes, crie, appelle, hurle, mais ne reste pas seule dans le noir. Dans mains sont là, tendues vers toi. N'oublie pas de les saisir, de t'y accrocher. Et puis respirer, relâcher la<br /> pression et se poser. Un peu au moins.<br /> <br /> <br /> Je t'envoie mille pensées de force et de sérénité. Et de la confiance surtout. Pour t'apaiser. Tout ira bien jolie Eugénie. Tout ira bien.<br /> <br /> <br /> Je t'embrasse.<br /> <br /> <br /> Azelais<br /> <br /> <br /> <br />
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S
<br /> <br /> Ma belle,<br /> <br /> <br /> J'ai l'impression de passer mon temps à m'excuser pour mes absences. Mais je sais que tu peux comprendre.<br /> <br /> <br /> Globalement: beaucoup de boulot, qui a fini par payer puisque 'ai validé mon master 2 avec mention, et surtout, beaucoup de rechute.<br /> <br /> <br /> Je ne sais même pas si on peut appeler ça rechute étant donné que je ne suis jamais tombée aussi bas. Jamais, en 9 ans de TCA, je n'ai constaté une telle perte de contrôle.<br /> <br /> <br /> Pour la première fois de ma vie, j'ai pleuré devant mon poids trop bas, en me demandant si ça s'arrêterait un jour...<br /> <br /> <br /> Puis Espagne chez Y., et obligation de maintien de poids, trop peur de ses larmes.<br /> <br /> <br /> N'empêche que c'est la merde, et je ne comprends que trop bien ton article, tu t'en doutes bien.<br /> <br /> <br /> Je ne sais même pas quoi te dire, là tout de suite. J'ai lu les autres, régulièrement, sans jamais prendre le temps, ou avoir le courage, de laisser un commentaire. Il se trouve qu'aujourd'hui,<br /> alors que je parviens à t'écrire, je ne trouve aucun mot. JE m'en veux ma belle. C'est juste que... Une fois de pllus, .... tu as dit, ou plutôt écrit, ce qu'il y a dans ma tête.<br /> <br /> <br /> Aucune utilité à ce commentaire, si ce n'est: je pense à toi, à peu près tous les jours, pour de vrai. Surtout quand je suis absente de la blogosphère. Parce qu'au fond, tu es celle qui me<br /> ressemble le plus, pour le meilleur et pour le pire comme dirait l'autre.<br /> <br /> <br /> J'espère que tu tiendras le coup. Mes pensées sont pour toi.<br /> <br /> <br /> Je t'embrasse ma belle, tiens le coup. Je ne sais vraiment pas quoi dire d'autre. Ai honte de mon commentaire. Je voulais juste te dire que je pense à toi. Mais je n'ai pas plus de réserves que<br /> ça.<br /> <br /> <br /> et je n'aurais aucune légitimité à te dire autre chose. je ne fais rien de mieux de mon côté.<br /> <br /> <br /> Mais ma belle, je pense à toi, toujouts, toujours. Pour ce que ça compte...<br /> <br /> <br /> Take care<br /> <br /> <br /> <br />
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*Anorchidea*

  • : [La pÂleur mOntre JusQu'où le cOrps PeUt cOmprendRe l'âMe]
  • : Le pardon ne pouvant s'envisager, seule une vengeance violente, une décharge de tout ce qu'il y a de mauvais, malsain, au plus profond du subconscient, pourrait permettre de ne plus penser aux noirs souvenirs qui gangrènent ma chair me rendant chaque jours un peu plus malade. Mes pieds s'enlisent, mon esprit les suit. Je me perds. L'anorexie fait partie de ma vie depuis trop lontemps.
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