... Je me sentais bien. Malgrés 4h30 de sommeil sur 3 jours, et de nombreux "piquages de nez" dans des endroits incongrus, aujourd'hui je me sentais légére. C'était pas arrivé depuis des siécles et c'était bon. Je ne sais pas d'où me venait cette energie, mais j'ai pas arreté, puis au musée j'étais à l'accueil et c'est ce que je préfére. C'est passé vite pour une fois.
Hier j'ai réussi à courir une heure et quart. Fiére. A bout de souffle mais fiére. Pis j'ai pris soin de moi, comme les filles dans les films, à coup de masques et compagnie. Et pis des tartines de crémes qui sentent trop bon.
Vendredi j'ai pris mon téléphone au moins 15 fois de suite avant d'établir une communication avec le cmp pour le psy. Tout à coup je trouvais que ça n'allait pas si mal. Est-ce que j'en ai vraiment besoin? Est-ce que je ne pourrai pas faire sans? Fébrilement tapoter sur les numéros. Je le connais encore par coeur. Plein de fois j'ai raccroché avant même que la tonalité commence. Fumer. Réfléchir en brassant du vent. se contredire, hésiter, jusqu'à entendre:
_"CMP Arthur Rimbaud bonjour!
[gros blanc. ça commence bien. Les larmes montent sans savoir pourquoi.]
_Euh oui bonjour ce serait pour prendre rdv avec le Dr W. s'il vous plait...il m'a suivie l'année derniére, je suis E.S.
_Aah Mademoiselle S. ? Ah mais oui, vous aviez arreté brutalement non?
[de quoi elle se mêle cette conne, j'ai jamais pu la blairer de toutes maniéres avec ces airs de grosse focu qui te regarde de haut comme si t'étais degenérée].
J'arrive pas à croire qu'elle se souvienne de moi. RDV le 2 octobre. Ca me laisse un peu de temps. J'ai l'impression d'avoir encore la liberté come ça. Soulagée. C'est fait. Frissons.
Ce soir j'ai eu la visite de ma meileure amie. Elle est partie habiter dans le sud, et on ne se voit que trés rarement. Elle a fait un ptit saut bref mais intense dans l'anorexie. Je ne l'ai jamais supporté. De savoir que je m'étais confiée à elle. et que peu de temps aprés elle avait litteralement fondu. Elle va mieux. Mais c'est resté en travers de la gorge. Le regard de ses parents sur moi. Plein de reproche. J'étais à la place de ceux qui soutiennent et qui se sentent d'une inutilité rageante. Je l'ai eu au tél plusieurs fois, chaque fois la conclusion était qu'on allait bien. Je sais qu'elle se sent mieux, et qu'aujourd'hui il n'y a plus d'ombre. J'ai voulu partage son enthousiasme. Partager sa joie, et lui dire que de mon coté ça s'arrangeait aussi.
Mais je ne m'attendais surtout pas à la voir débarquer ce soir à l'improviste. J'ai peur en ouvrant la porte, je stresse déja. Pleine de honte. Gros malaise au face à face. Son sourire s'évanouit, le mein est gêné. Les retrouailles se font maladroitement, en essayent d'éviter le sujet.
_"Pourquoi tu m'as menti? Tu crois que ça me fait plaisir? nan mais tu t'es vue ou tu veux que je te montre bordel? T'es vraiment dégueulasse, je te dis tout et toi t'esquives tout le temps, des fois j'ai carrément l'impression dte perdre tellement tu parles jamais dtoi, de ce que tu fais, de ce que tu vis. Chaque fois que je raccroche, je me dis, eh bah voila, elle m'a rien raconté au final. Tu poses toujours plein de questions pour éviter qu'on parle de toi. Et puis à chaque fois t'avais l'air en forme jcomprends pas...Tu m'enerves. Tu crois que ça me fait plaisir de rentrer toute pimpante, amoureuse comme une gamine de 12ans, et dte retrouver là, en train de crever toute seule? T'es vraiment trop conne. Tu m'en aurais touché deux mots je serai venue te voir. J'aurai pris le train et j'aurai passé du temps avc toi. Tu le sais bien. Tu sais que je suis là non? J'ai l'impression que tu me fais pas confiance et je sais pas si t'as conscience que c'est horrible putain dmerde. Putain nan mais regarde je ...j'ai l'impression de faire 3 tonnes a coté! (on fait la même taille, 1m70, elle fait 52kg). [PleurS] Jte deteste. Pourquoi tu fais ça. Tu me fais peur. Fais quelquechose s'il te plait, s'il te plait, putain tu m'écoutes?!Et ta mére? elle dit quoi? Nan mais là arrete ces conneries faut te soigner là. Là, tout de suite, tu peux pas rester comme a..." [M'effleure la main. N'ose pas regarder. Me regarder.]
[Je la regarde suppliante, je voudrais qu'elle se taise, je voudrais avoir l'air en forme, je voudrais ne pas lui avoir menti, je voudrais qu'elle soit pas rentrée si tot, je voudrais fuir, je voudrais qu'elle arrete de dire ces horreurs, c'et pas de moi qu'elle parle et pis faut arreter de dramatiser...
Je voudrais lui dire pardon mais les mots s'évanouissent chaque fois que j'ouvre la bouche. Alors je pleure doucement. Pardonne-moi de n'avoir rien dit. Et puis franchement, à part ces derniers jours, ça allait bien. Vraiment. Dans ma tête sonne la trahison. Je l'aurai franchementmalpris si elle était revenue en mauvais état sans m'en avoir touché 2 mots.]
Au fil de la conversation j'ai l'impression qu'elle a avancé, et que je suis restée en plan. Je me réjouis de la voir rire, de voir les traits moins tirés, de voir la lumiére dans ses yeux, de la retrouver. Elle me manque terriblement. C'est mon amie universelle, c'est mieux que meilleure, c'est celle sur qui je pourrai compter toute une vie.Et malgrés la distance, nos interets et vie différentes, y a un truc qui fait que. Elle est amoureuse et me raconte, me raconte la vie là bas, ses fetes, ses potes, ses états d'âme. Comme si on s'était jamais quittées.
Oxygéne retrouvée. Bonne soirée reboostante, non-dits envolés par la force des choses, soulagement. Je lui promets de la tenir au courant. Et de lui dire. Que j'ai le droit d'aller mal, et qu'une fois pour toute, faut que je ravale cette putain de fierté à la con.
Bilan de la journée positif^^
[°]Maintenant il est une heure et faut que je range, demain je reçois, lessives à faire, et il faudrait que je pense à dormir aussi. demain je travaille. Ce qui est chiant dans un musée, c'est que c'est ouvert tous les jours, du lundi au dimanche. Repos mardi, vivement.[°]