J'ai lu tous vos commentaires et en suis trés touchée...^^
merci merci merci...et une razzia de bisous!
Miss Anorchidea s'en était allée sur la cote d'azur à l'improviste, avec sa petite soeur et sa maman. A trois. ça change des sept de d'habitude.
Semaine volée entre filles, ça avait l'air tentant.
Mais on connait bien le refrain. Tout projet tentant, mêlant famille + une durée indeterminée comprenant des repas pris en communauté, est gaché assez vite par l'anoreXie.
Maman a fait abstraction pendant les premiers jours, me demandant même, ainsi que pour ma petite soeur des conseils pour faire un régime. Equilibré, et varié, et de multiples méthodes pour vaincre la cellulite.
Jusque là, pas de soucis, je leur en fais part et on en parle librement et posément. C'est la premiére fois que je partage mes "trucs". Même si j'omets certainement certaines closes du programme.
Alors les vacances s'anoncent donc régime et bronzage. Dans mes cordes.
Premiére épreuve: maillot de bain. Je l'ai acheté et essayé sur le marché, avec une vendeuse plus qu'envahissante qui s'introduit dans la cabine quand tu l'essayes. Cri, pas l'habitude, suis pudique madame, merde alors lol [mais dans le sud y sont bizarre hein...;) ]
Pas ma taille, ça commence bien. Maman s'impatiente et prend sur elle. M'apporte des tailles enfants. Bref, une fois LE maillot en poche...
... épreuve n°2: exhibition sur la plage. Putain, c'est moins facile que je croyais. ça fait des années que personne ne m'a vue en maillot, et surtout pas ma mére. Emmitouflée dans mes fringues, je regarde les autres. Elles sont toutes canons. Je me fais engueuler parceque "je suis ridicule et que c'est nimportequoi, jsuis pas le centre du monde, personne n'en n'a rien a foutre de moi, alors jdois pas faire chier et me foutre en maillot, comme les autres"'.
J'avoue, c'est agréable. Je fais ma biscotte au soleil, vais me baigner et ignore les regards insistants. Je crame: étape n°1 Biafine et pharmacienne affolée °_°
étape n°2 Urticaire dû au stress et en partie à cause du soleil. Re-pharmacie. Re- °_°
etape n°3 je me fais attaquer par une méduse et je prends sur moi, tandis que l'arriére de mon genou tourne au violacet. la trace est nette, tous les filaments de cette (salope que j'ai envie de crever) méduse se voient. C'est étrange comme empreinte, mais joli à la fois. En fait, ça fait surtout un mal de chien.
[je vous rassure, la série "étape" est terminée ^^"]
A l'appart', personne ne maigrit, elles se plaignent et fabulent devant les étalages de patisseries et de viennoiseries. Bon, je vais être claire, entre nous, aucune des deux ne doit perdre du poids, mais je la ferme. Vaut mieux pour moi. Ouais, parceque question "Ah j'ai grossi beurk" alors qu'y a que dalle euh bon, j'me comprends!
Je déambule dans l'appart' en culotte, tartinée de créme diverses pour mes brulures je peux difficilement faire autrement. Je me fais engueuler parcequ'y a que moi qui maigrit, et que c'est certainement pas une bonne idée de ma part si je veux terminer la semaine.
De pire en pire, je ne supporte pas la chaleur, mon urticaire ne s'arrange pas, je dors trés mal et malgrés ma bonne humeur persistante, j'affole.
Je fais semblant de rien, ma grande passion.
Le soir de la coupe du monde, je ne trouve rien de mieux à faire que de me beurrer la gueule avec mes voisins de tables, savoyards je crois et trés...chaleureux. Bain de minuit à la clé, je ne sais meme pas qui a gagné et je m'en fous, j'ai perdu mon portable, je titube comme une débauchée et ma mére me hurle dessus pour que je me fasse vomir, "comme tu fais d'habitude".
le lendemain, je fais un malaise.
J'ai perdu un kilo dans la nuit. Me demandez pas la méthode.
Les repas sont tendus.
Je me sers allégrement de "ma" ratatouille faite de mes propres mains évidemment, avec de l'aubergine qui capte les lipides, des tomates anticellulite, et bla bla bla. Je me force pour le dessert, mais qui souvent se résume à de la pastéque, tout va bien.
Sauf Maman.
Qui vieillit chaque jour.
Je lui file mes coupe faims, mes diurétiques et mes crémes anticellulite. Elle est découragée.
Me demande sans cesse comment on peut faire le choix de se punir des années durant.
"Comment ? Putain, moi je voulais une fille bien dans ses pompes, merde, E., réagis, putain je sais plus quoi faire avec toi je...jsuis fatiguée de tout ça, fatiguée de te voir à moitié morte, faiguée de te voir creusée, fatiguée de voir ces cernes horribles, tu FAIS CHIER PUTAIN, MERDE!"
[Maman, je te prends dans mes bras et on pleure toute les deux, ma soeur s'enfouit dans son oreiller.]
On se croirait dans un reportage de "ça se discute".
J'aimerais être ailleurs. LOin, très loin d'ici.
Maman est forte, brute est franche. Pas de fioriture ici, juste de l'amour en barre qui sort parfois violemment. C'est la mienne.
Maman est forte mais elle est crevée de me voir crever à ptit feu. Me raconte ses vingt ans à elle, elle était encore folle amoureuse de mon pére, et ils m'emmenaient partout. Et c'était génial apparemment. Entre deux bouffées de nicotine, ses yeux s'embuent...[Je me dis que c'est fou, que mes parents s'adorent, s'aiment encore comme des dingues et qu'ils se sont séparés à mes un an. Et qu'aujourd'hui, parfois ça dérape entre eux. Je le sais, ça me fait sourire, j'aime bien avoir une famille bordélique.]
Je ne lui parle pas de mes vingt ans à moi.
Je parlerai surement de mes 30ans à mes enfants, "mes meilleures années", je leur dirai, ouais, ça y est j'avais enfin décidé d'arreter mes gamineries de pourrie gatée.
Merde j'ai la rage.
j'ai envie de m'exploser le crane, mais jsuis trop occuppée à me regarder le nombril, pis faut dire que j'hésite à bouffer le gaspacho que je me suis préparé avec amour et calcul.
Ras le cul.
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Et puis Y. me fait grave chier, c'est qu'une grande gueule. M'allume pendant des semaines, je me barre huit jours et pas de nouvelles, franchement il est chié.
Rien à foutre. Tant mieux pour lui. J'ai plus qu'à me lancer à corps perdu dans une crise. Nan, pas le courage.
Sinon, j'ai raté mon entretien d'embauche pour un boulot que je devais commencer mardi prochain. Comme une connasse, je me suis barrée, et ai posé mon portable dans un coin, comme ça j'étais sure de rater tous mes appels importants. Espéce d'écervelée.
Voila, j'ai fini de vomir mes mots, je vais foutre le gaspacho au frais et vais continuer à me niquer allégrement les poumons.
Na.
[continue comme ça, c'est sur tu vas y arriver humpf]
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PS: Juste vous dire que vous m'êtes d'une grande aide, mine de rien...Un grand merci à vous qui me suivez, et qui, surtout, me soutenez, malgrés un comportement hasardeux. Merci.