J'aurais aimé entamer ce "travail" plus tôt.
J'ai l'impression de démêler des noeuds vieux de 10 ans. En même temps, ce n'est pas qu'une impression. C'est ce qui est en train de se produire. C'est tellement...fou.
Je m'en prends plein la gueule. Et en même temps, je sais que ça ne durera qu'un temps. Que c'est la chapitre fin qui est en train de s'écrire. Alors ça vaut bien le coup.
Il fallait que je récupère mon corps. Que j'en reprenne possession. Ce n'est pas encore fait, mais ça commence. Bientôt, d'après ce que j'ai compris, on attaque le "massage". Je ne vous raconte pas comme ça m'angoisse, mais j'aimerais tellement prendre mes proches dans mes bras. Rien que ça. Cela fait 10 ans que je m'interdis tout contact physique. Il paraît que je vis ça comme une intrusion, alors j'ai tout éliminé. Je sais que tous les contacts ne sont pas à caractère sexuel, mais visiblement, pour en être bien certaine, j'ai tout éliminé, comme ça, peinarde quoi. Pourtant, j'aimerais tellement...je sais pas putain, prendre dans mes bras maman. Arrêter de faire des bonds chaque fois qu'on me frôle.
C'est paradoxal de ne pas supporter une simple caresse, et de pouvoir se faire sauter par le premier venu hein? Je sais. Paraît que j'arrive à me dédoubler complètement de mon corps dans ces moments là. C'est dingue ce qu'on arrive à monter comme schéma d'autodéfense. Surtout au point de pouvoir regarder la scène comme si on épiait la scène. Je me suis toujours demandée ce que le type pouvait ressentir en train de s'agiter sur un corps complètement mort. Surtout quand la fille, enfin la poupée de chiffon pleure. En même temps, faut dire que souvent, ils sont aussi raide que moi.
Bref. Vous savez, jamais, jamais je ne me suis jamais sentie aussi proche de la sortie. La sortie de l'enfer. Bientôt je vais claquer la porte. Je l'espère profondément.
J'ai encore une question. Est-ce qu'il suffit de régler le problème de base pour guérir? Et, s'il nétait jamais arrivé ce...enfin cet évènement, est-ce que je ferai 40 kilos nourris aux opiacés, aujourd'hui? Est-ce que j'aurai développé un état borderline sans ce passage? Est ce que si je règle ce problème, la pathologie disparaîtra?
Ca me hante. Est-ce qu'un viol peut conditionner toute une vie? (j'ai failli dire "simple viol", je crois que je ne réalise pas encore la portée d'un tel acte)[Et d'autre part, je dis "viol" pour évoquer l'acte dans sa généralité. Je n'attribue toujours pas ce qui m'est arrivé à...un viol, bien que ça y ressemble]. Je me suis tellement répetée que ce n'était pas grave...tellement. Je voulais être forte. J'avais 15 ans et je me suis dit qu'il fallait que je garde "ça" pour moi, va savoir pourquoi. J'avais honte, peut être. Sûrement. Finalement j'ognore ce qui s'est passé dans ma tête à ce moment précis où, avant que les portes ne s'ouvrent et où mes grand-parents allaient m'accueillir, je me suis recoiffée, en tirant un peu sur mon T-shirt. Se répèter qu'il fallait que personne ne sache. Que je n'étais ni la première ni la dernière. Que ces choses là arrivaient, simplement. Et qu'il fallait faire avec. J'ai cru vraiment, de tout mon être, qu'il s'agirait de l'oublier pour continuer à vivre simplement. J'ai oublié.
Et pourtant, pendant toutes ces années, tout mon comportement, tous mes actes, mes gestes, traduisaient cet acte. C'était tellement prévisible. Tout ça.
Je me tue à penser que si j'avais parlé plus tôt...tout serait différent. Jamais je n'ai pensé qu'un tel chamboulement pourrait avoir lieu à cause d'une malheureuse trentaine de minutes. Une petite demi-heure. Et 10 ans de massacre. Ceci dit, ça aurait pu être 40, 50 ans. Toute une vie. Et peut être que je dis 10, mais que ça ne s'arrêtera pas là. Ca me file la gerbe, bordel. [Est ce que je commencerais à Le détester?]
J'aimerais tellement pouvoir transférer ma haine de mon être au sien. Me dire, "ce n'est pas ma faute". Mais on balaie pas 10 ans de propagande avec une belle petite phrase. Ca arrivera, ceci dit. Un jour prochain.
Un jour où j'arriverai à m'appliquer de la crème, un jour où j'arriverai à me maquiller sans agressivité, doucement, avec soin. Un jour où j'arriverai à ne pas me lacérer la peau dans l'espoir d'exorciser Sa présence de mon corps comme s'il était marqué au fer rouge. Un jour ou Corps sera le mien, plus le sien.