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27 juillet 2010 2 27 /07 /juillet /2010 21:39

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J'aurais aimé entamer ce "travail" plus tôt.

J'ai l'impression de démêler des noeuds vieux de 10 ans. En même temps, ce n'est pas qu'une impression. C'est ce qui est en train de se produire. C'est tellement...fou.

Je m'en prends plein la gueule. Et en même temps, je sais que ça ne durera qu'un temps. Que c'est la chapitre fin qui est en train de s'écrire. Alors ça vaut bien le coup.

Il fallait que je récupère mon corps. Que j'en reprenne possession. Ce n'est pas encore fait, mais ça commence. Bientôt, d'après ce que j'ai compris, on attaque le "massage". Je ne vous raconte pas comme ça m'angoisse, mais j'aimerais tellement prendre mes proches dans mes bras. Rien que ça. Cela fait 10 ans que je m'interdis tout contact physique. Il paraît que je vis ça comme une intrusion, alors j'ai tout éliminé. Je sais que tous les contacts ne sont pas à caractère sexuel, mais visiblement, pour en être bien certaine, j'ai tout éliminé, comme ça, peinarde quoi. Pourtant, j'aimerais tellement...je sais pas putain, prendre dans mes bras maman. Arrêter de faire des bonds chaque fois qu'on me frôle.

C'est paradoxal de ne pas supporter une simple caresse, et de pouvoir se faire sauter par le premier venu hein? Je sais. Paraît que j'arrive à me dédoubler complètement de mon corps dans ces moments là. C'est dingue ce qu'on arrive à monter comme schéma d'autodéfense. Surtout au point de pouvoir regarder la scène comme si on épiait la scène. Je me suis toujours demandée ce que le type pouvait ressentir en train de s'agiter sur un corps complètement mort. Surtout quand la fille, enfin la poupée de chiffon pleure. En même temps, faut dire que souvent, ils sont aussi raide que moi.

Bref. Vous savez, jamais, jamais je ne me suis jamais sentie aussi proche de la sortie. La sortie de l'enfer. Bientôt je vais claquer la porte. Je l'espère profondément.

J'ai encore une question. Est-ce qu'il suffit de régler le problème de base pour guérir? Et, s'il nétait jamais arrivé ce...enfin cet évènement, est-ce que je ferai 40 kilos nourris aux opiacés, aujourd'hui? Est-ce que j'aurai développé un état borderline sans ce passage? Est ce que si je règle ce problème, la pathologie disparaîtra?

Ca me hante. Est-ce qu'un viol peut conditionner toute une vie? (j'ai failli dire "simple viol", je crois que je ne réalise pas encore la portée d'un tel acte)[Et d'autre part, je dis "viol" pour évoquer l'acte dans sa généralité. Je n'attribue toujours pas ce qui m'est arrivé à...un viol, bien que ça y ressemble]. Je me suis tellement répetée que ce n'était pas grave...tellement.  Je voulais être forte. J'avais 15 ans et je me suis dit qu'il fallait que je garde "ça" pour moi, va savoir pourquoi. J'avais honte, peut être. Sûrement. Finalement j'ognore ce qui s'est passé dans ma tête à ce moment précis où, avant que les portes ne s'ouvrent et où mes grand-parents allaient m'accueillir, je me suis recoiffée, en tirant un peu sur mon T-shirt. Se répèter qu'il fallait que personne ne sache. Que je n'étais ni la première ni la dernière. Que ces choses là arrivaient, simplement. Et qu'il fallait faire avec. J'ai cru vraiment, de tout mon être, qu'il s'agirait de l'oublier pour continuer à vivre simplement. J'ai oublié.

Et pourtant, pendant toutes ces années, tout mon comportement, tous mes actes, mes gestes, traduisaient cet acte. C'était tellement prévisible. Tout ça.

Je me tue à penser que si j'avais parlé plus tôt...tout serait différent. Jamais je n'ai pensé qu'un tel chamboulement pourrait avoir lieu à cause d'une malheureuse trentaine de minutes. Une petite demi-heure. Et 10 ans de massacre. Ceci dit, ça aurait pu être 40, 50 ans. Toute une vie. Et peut être que je dis 10, mais que ça ne s'arrêtera pas là. Ca me file la gerbe, bordel. [Est ce que je commencerais à Le détester?]

J'aimerais tellement pouvoir transférer ma haine de mon être au sien. Me dire, "ce n'est pas ma faute". Mais on balaie pas 10 ans de propagande avec une belle petite phrase. Ca arrivera, ceci dit. Un jour prochain.

Un jour où j'arriverai à m'appliquer de la crème, un jour où j'arriverai à me maquiller sans agressivité, doucement, avec soin. Un jour où j'arriverai à ne pas me lacérer la peau dans l'espoir d'exorciser Sa présence de mon corps comme s'il était marqué au fer rouge. Un jour ou Corps sera le mien, plus le sien.

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17 juillet 2010 6 17 /07 /juillet /2010 01:34

J'ai relu une bonne partie de mon blog, et les commentaires qui vont avec. Je me rends compte à quel point j'avais la volonté de me battre, ce que je faisais très bien, mais contre tout et nimporte quoi. Surtout contre moi. Mais aussi contre les mains tendues. J'ai passé mon temps à refuser l'aide, à cause de cette putain de toute-puissance à la con. Pour prouver quoi? Je n'étais pas prête à recevoir, à baisser les armes, et surtout, je n'étais pas consciente. Je n'écoutais pas. N'entendais pas. Parce que j'étais simplement en plein dedans, même si je voulais y arriver, c'était simplement impossible...Ma violence était anarchique, mon energie non canalisée, et mon autodestruction trop intense. Et les oeillères, verrouillées. Je me demande encore comment je suis encore là. Je me souviens le jour où l'on m'a dit que j'allais mourir quand on a vu 36 kg en rouge sur le pèse personne. Et mon incompréhension lorsque je me suis fait virée du service de nutrition. Aujourd'hui, peut être qu'ils m'ont sauvée de ma connerie. Je n'étais simplement pas prête à lâcher la maladie, pas prête du tout. J'étais encore dans l'optique de montrer à tout le monde que j'étais toujours debout, comme les personnes normales, mais avec un IMC à 12. Simplement parce qu'en présence d'autres anorexiques, il me faut être la plus maigre, pas pour les "dépasser", mais pour justifier ma prise en charge, sinon, j'ai l'impression d'être là par "erreur". J'ai passé des années à l'hôpital sans jamais vraiment y être. Sans vraiment en profiter. J'étais en "survie", comme sous respirateur artificiel. Mais pas actrice. Ils m'ont permis de me maintenir en vie, et ils ont eu une putain de patience. J'ai lu des rapports médicaux, où le mot qui me caractérisait le plus était carrément "invalidité". J'en suis encore sur le cul. Pire lorsque j'ai lu que mes facultés cognitives étaient alterées. A cause de cette putain de bouffe. Je me rendais pas compte. Ca rend débile les carences putain. Merde.

Je suis effarée. Comment ai-je pu être autant absente de ma vie??? Comment? Je crois que je suis prête à le dire aujourd'hui, oui, je crois que j'étais/suis? malade. Hé ben, 9 ans pour le dire, bravo...

Je n'ai profondément plus envie de ça. Et suis plus que prête à abandonner la maladie et accèder à la vie.

 

J'ai demandé à la psychomotricienne si je pouvais "récupérer" mon corps. Elle a d'abord souri en entendant ces paroles  qui semblaient sortir de la bouche d'une petite fille. "ils ont pris ma poupée, jpeux la récupérer?' Elle m'a dit qu'elle n'hésitait pas une seconde pour me donner la réponse, "bien sûr que c'est possible."

"Vous avez déja commencé à le faire. Vous ressentez. Et ce qui montre bien que vous prenez le taureau par les cornes, c'est que vous ne ressentez pas les choses les plus agréables de vôtre vie, et que vous ne les fuyez pas comme vous l'avez toujours fait. Vous avez des sensations. J'ai même peur que vous alliez trop vite. Vous ne pouvez pas digérer tout ça d'un coup, il va falloir se mettre des priorités, compartimenter, absolument. Je sais que vous voulez passer à autre chose, et c'est compréhensible. Mais donnez-vous le temps, s'il vous plaît. Vous lui avez interdit de s'exprimer pendant des années, vous l'avez privé, censuré, nié, vous ne pouvez pas tout lui balancer comme ça. C'est comme si vous vous imposiez un festin; vous me mentiriez si vous me disiez que vous sauriee "garder", comme vous dîtes. C'est pareil."

J'ai tellement envie d'en finir au plus vite. Et puis se donner des priorités, c'est bien facile, mais moi, les images arrivent sans prévenir, me réveillent, m'agressent, j'ai peur de dormir, je ne veux plus sortir, je reste seule, je pleure tout le temps, je ressens, oh oui, ça je ressens...c'était plus facile quand je  m'étais coupée en 2, quand j'avais coupé la communication...Elle m'a dit que je pouvais revenir en arrière, que j'étais à l'aise dans cette scission, mais j'ai l'impression que je ne peux pas, comme si j'avais ouvert une vanne et que l'étanchéité n'était plus valable...Je n'arrive plus à gérer la puissance du torrent, je perds le contrôle. Je revis à fond toutes ces situations que j'ai voulu enfouir pendant des années, 9 ans. En 9 ans, j'ai eu le temps de me salir, je l'ai fait avec toute mon application, à la perfection, comme j'aime faire les choses.  A fond et sans relâche. Je n'avais pa évalué les dégâts. J'avais "oublié "des trucs qui reviennent dans la gueule sans crier gare. Tout ça me dépasse. Je me laisse déborder par les émotions. J'étais morte, j'ai l'impression d'être "trop" vivante. Et ça fait mal. C'est agressif bordel...

 

La suite plus tard. J'y arrive pas. J'arrive pas à mettre les mots. C'est trop dur.

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13 juillet 2010 2 13 /07 /juillet /2010 12:30

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Tout s'emboîte tellement parfaitement. C'est presque trop logique, trop facile, trop prévisible. Ca me déçoit presque, ce manque de folie.

Toutes les nuits je ressasse. Sagement, en regardant défiler les heures lentement. Je ne dors presque plus. Je songe eveillée, ce qui est nettement moins drôle. J'aime tellement rêver et m'émerveiller de l'incongruité des éléments que j'arrive à rassembler. Actuellement, je compte les moustiques au plafond. N'ai pas le courage de les écraser brutalement sur le blanc immaculé en y laissant une traînée boueuse. Je les observe. Les trouve très cons, aussi. Comme moi.

Comme moi qui, avec ma toute puissance pathologique ai tenté de m'apropprier des éléments qu'en réalité je ne peux pas contrôler. Ils méchappent, simplement. Mais comme ça m'est jsute insupportable, il a fallu que je crée des scénarios, des situations pour me convaincre que c'était moi le maître. La vérité est toute autre. Je ne suis que le jouet, l'esclave, la marionnette de mon esprit malade. Aujourd'hui je sais que je peux encore me taper 1256 mecs dans des chiottes, dans une rue, dans des caves, dans des squats, dans des garages, dans des halls, dans des parkings, ça ne me consolera jamais. Ca ne calmera ni le dégoût, ni la rage, ni l'humiliation. Non, ça les ravive. Et après, il faut digérer l'indigérable. Normal que j'y arrive pas. Petite conne. Ca semble tellement évident qu'on se demande bien comment j'ai fait pour ne jamais y penser. Mais le désir brûlant d'anéantir Corps était tellement intense, qu'il fallait trouver des moyens pour mettre en oeuvre sa destruction. Avec des armes massives, lentes, douloureuses, acides. Pour que les plaies ne se referment pas. Pour remuer la lame dedans, raviver le mal, les gémissements agonisants. Prendre mon pied en le voyant crever.

Parce qu'à force de se répeter "qu'il(s) a/ont eu mon corps, mais pas mon âme," ça devient une évidence; mon corps n'est plus ma proprieté. Mais la leur. Quant à mon âme, il fallait qu'elle soit l'inverse idéale de cette putréfaction de Corps. Il fallait qu'elle soit dans les hautes sphères intellectuelles, qu'elle soit brillante. J'ai mangé des livres, étudié, vu des expos, suis allée au cinéma, ai voulu apprendre une multitude de langues, des concerts, décroché les meilleures notes, me suis lancé des défis inrelevables. Jusqu'au jour où, d'ailleurs il n'y a pas si longtemps que ça il me semble, où j'ai découvert le pot aux roses. La tête est indissociable du corps. Alors que durant toutes ces années je pensais que ça n'était que foutaises, le jour où ces putains de jambes ne veulent plus te porter, t'as l'air d'une (grosse) conne. Une vraie débile mentale. Et ta culture, tu peux te la foutre au cul, elle va pas t'aider à te relever. Ma haine a redoublé envers Corps. Mais j'ai du la faire taire, parce que ça ne devait plus être mon ennemi, mais un allié. Bordel! L'horreur. Cela m'était déja arrivé, le truc des jambes. Qui ne ressemblent plus tellement à des jambes d'ailleurs...je dirais plutôt à des cure-dents de mauvaise qualité, ou des tiges de bambou sur le point de crever. C'est simple, ce n'est même plus humain. C'est un amas charnel indéfinissable. Cassé. Oh, et le coeur aussi, qui faisait des caprices. Mais à ce moment là, il y a quelques années, j'en avais tiré une telle satisfaction, c'était presque jouissif de me dire que j'allais gagner la bataille, c'est à dire l'abattre, à jamais. Qu'il m'agite un putain de drapeau blanc ridicule, et alors je pourrai dessiner sur mon visage émacié le rictus hideux d'une victoire écrasante.

Comment j'ai pu être autant dans l'erreur, dans la connerie monumentale? Une victoire, ça se savoure, dans une tombe, ton champagne, tu peux le donner aux vers. Et comme la tombe ne m'attire plus tellement, il faut bien l'admettre;oui, il faut que je fasse la paix avec. Donc, "allié", me semble être le bon terme. Je tiens à signaler que l'écrire me fait mal aux tripes, c'est comme si je devenais pote avec Judas. Ne perdons pas de vue nos objectifs, le principal étant de vivre, mais surtout d'avancer. Cela ne veut absolument rien dire et tout dire à la fois, mais je trouve que ce mot promet tellement de choses, "avancer", que j'avais envie de le mettre. Chose faite.

Arrêter de lui faire mal, de le piétiner, de le vomir, de le scarifier, de le brûler, de lui cramer les neurones, lui encrasser les poumons (oui bon ça, on verra), le carencer, l'épuiser, l'entailler, le malmener, lui mentir, lui faire esperer, le narguer, le detester, le haïr, l'alcooliser, le droguer, l'humilier, le mettre en danger, le salir, et d'autres mots encore. Tellement d'autres. Verdict, me reste à l'aimer et le respecter...

Cela me semble tellement loin, tellement irréalisable surtout. J'ai peine à croire qu'n jour je saurai l'apprécier, mais surtout lui pardonner. Pas qu'il aie commis une faute grave, mais...c'est lui qui porte les traces invisibles. Les symptômes. C'est lui qui est "sale". J'ai déja du mal rien qu'en le regardant. Je n'arrive même pas à l'envisager dans sa globalité putain. Je me demande, et cette question me brulera les lèvres lors de mon prochain rdv avec la psychomotricienne, s'il est possible de se réapropprier son corps après 10 années de tyrannie absolue. De mépris total, de haine pure. J'espère qu'elle me dira oui. Sinon, comme c'est la clé du problème, je ne vois pas l'interêt d'aller plus loin. Oui, c'est la clé du truc, parce que si je veux construire, si je veux goûter à la guérison, il faut bien que je lui tape la main, à ce boulet. Ensuite, faut pas croire, j'ai 24 piges et pas l'ombre d'un amour depuis...9ans.  9 ans, bordel de putain de merde. C'est simple, j'ai eu le temps d'être amoureuse, une fois. Haha. Mais à 15 ans, c'est quoi l'amour? Je l'aimais fort. C'était pur, c'était beau, c'était bon.  C'est lointain. Des fois, c'est étrange, j'ai l'impression d'être vierge. Je flippe à l'idée qu'un jour peut être je me retrouverai dans un lit auprès d'un être que j'aimerai...et que ma première fois aura lieu. On dirait que je reviens des années en arrière. La réalité est toute autre, mais je ne fais pas l'amour moi, je baise, y a une sacrée nuance si je ne m'abuse. Faire l'amour me terrifie. Me glace.

Tout ça me mine. Mais encore une fois, il me semble que si j'arrive à penser à demain aujourd'hui, c'est que je vais mieux. Et si ça me touche aujourd'hui bien plus qu'il y a des années, c'est aprce que j'ouvre enfin les yeux sur l'absurdité de mon comportement, non, pas absurde (il est complètement logique en fait), masi il est erroné. Destiné à l'échec, au mur, en boucle. Il faut péter le cycle, briser le cercle. Je crois être enfin prête. Mais c'est juste le début du travail. Bsahtek!

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8 juillet 2010 4 08 /07 /juillet /2010 18:46

Elle le voit par la fenêtre du wagon. Il est seul. En terminant sa clope, elle hésite. Monter et se retrouver seule avec lui, ou se preserver et monter avec les autres. Dans le fond, elle a une petite idée de ce qui pourrait se passer. Sans savoir trop pourquoi, elle monte avec Lui. Sur son siège, elle est mal à l'aise. Il est encore temps de changer. Les portes se ferment. Tant pis. "On verra bien". Fameuse petite phrase. Qui tourne et qui tourne, à moitié rassurante, à moitié angoissante. Faire semblant de lire. Et Le fixer du coin de l'oeil. Il n'a pas l'air méchant. Mais elle ne le sent pas. Il règne une atmosphère spéciale dans ce wagon. Tendue, chaude et malsaine. Se concentrer sur ces quelques lignes que décidément elle n'arrive pas à comprendre. Les mots se mélangent et son regard est toujours attiré par l'arrière du wagon.

Il se lève. Il sourit mais étrangement ça ne la rassure pas vraiment. Parler, pour faire passer le temps. C'est un vieux tortillard, avec les sièges en vieux skaï craqué par endroits. On en a pour un bout de temps avant la prochaine gare. Il s'assoie à côté d'elle. Dans peu de temps, elle sentira sur sa cuisse gauche une main virile. Main qui couvrira sa bouche, pour étouffer les éventuels cris quand il la pénétrera avec violence.

A ce moment précis, de toutes manières, elle est ailleurs. Il l'étrangle, Il veut qu'elle le regarde pendant qu'il s'agite sur elle maladroitement. C'est au dessus de ses forces. Pourtant, elle ne se défend pas. Elle se dit que si elle se montre docile, ça passera plus vite. Petite poupée de chiffon entre de grosses mains caleuses. Elle regarde la scène, hors d'elle. Comme si elle était parvenue à s'échapper d'elle même. Elle se regarde perdre connaissance, et l'autre toujours en train de la secouer pour qu'elle le regarde, lui, l'homme si viril, qui va lui faire connaître le grand plaisir qui l'ui a promis.

[Les portes se sont enfin ouvertes, elle s'est recoiffée puis, a souri à ses proches venus la chercher.]


Elle, Je.

Lui, je ne lui en veux pas. Je n'y arrive pas. C'est tellement plus facile de s'en vouloir à soi même, d'avoir un coupable sous la main et d'avoir loisir de se défouler sur lui. "Viol" ne fait pas partie de mon vocabulaire. Je dis "ce truc dans le train". Ou "vous savez, ce qui m'est arrivé dans le train". "Victime". encore moins. On dit victime pour des personnes qui ont vécu un truc grave, qui se sont défendues...Après tout ça aurait pu être pire, j'aurais pu finir aux urgences...Ou à la morgue. Ou ils auraient pu être plusieurs. Et puis, j'ai eu le choix de monter ou non dans ce wagon. Et j'y suis allée.

Il y a ces trucs que j'ai fait après. "Tentative de maîtrise".

Du genre, on subit un truc, et on le reproduit à l'infini mais de manière provoquée, pour pouvoir se dire qu'on l'a choisi. Comme coucher avec le premier venu dès que je suis dans un état second. Provoquer, et se retrouver avec des mains courant sur mon corps en pleurant en silence. S'évader de son corps, encore. Pourquoi?

Aujourd'hui je vais mieux, j'ai envie de re-construire. Mais tant que je n'aurai pas "accepté" tout "ça", ça ne peut pas fonctionner. Je ne supporte pas qu'on me touche avec tendresse, comme si je ne méritais que ces mains sales, inconnues, dans les chiottes qui puent la gerbe des boîtes. Comme si je ne méritais que de faire la trainée.

Une nuit, complètement raide, je suis partie chez lambda. Au réveil, lorque j'ai voulu m'enfuir partir, il a ouvert un oeil en me disant d'ouvrir le tiroir de la commode, là, à l'entrée. Il y avait des dizaines de sachets de coke. Il voulait me payer. J'aurais voulu lui envoyer à la gueule, sa merde. Mais vous savez quoi, j'ai tout pris. Comme une pute. Parce que j'avais pas le choix. Parce que c'était l'heure de la descente, et que j'en avais besoin, de sa poudre. J'ai vomi dans l'ascenseur. J'aurais voulu crever, m'ouvrir les entrailles et me balader avec les tripes à l'air, en attendant la mort. M'éteindre dans le caniveau, les dernières effluves d'alcool me chatouillant les narines.

Des nuits comme ça, j'en ai plein à l'esprit. Depuis peu, elles me tiennent en éveil. Flash-back. Sensations rances. Mal aux tripes. Les vicères vrillées je fixe le plafond. Mon corps mort ressent. Se tord de douleur. Douche. position foetale dans le petit cube de céramique froid. L'obscurité, ça protège...Je m'écoeure. Me dégoute. Comprends pourquoi j'ai voulu me ronger jusqu'à l'os. Il y en a qui, en se regardant dans la glace, se trouvent grosses. Moi, je vois leurs mains. Dae mains, partout. Et corps qui reste passif. Ne se défend pas. Toujours la petite poupée de chiffon, morte.

Tout ça, je l'ai toujours tu. J'ai mis 4 ans à me souvenir que j'avais été...Je l'avais enfoui, loin, si loin. Et puis un jour, au cours d'une de ces "soirées", l'un de mes partenaires de jeu m'a serré le poignet, si fort...si fort que je me suis souvenu, BAM. Cette sensation s'opressement. Cette sensation de peur, d'angoisse, cette fatalité terrifiante. Là, tout s'est emboîté. J'ai compris. Pourquoi je me faisais tout ce mal, pourquoi j'avais les côtes à l'air, pourquoi mes pommettes étaient si saillantes, et pourquoi je me haÏssais avec autant de ferveur. Et la honte ma rattrappée, aussi.

Je me suis décidée à parler, mais je n'ai jamais dit ce truc du "je savais ce qui allait arriver mais je suis montée quand même" et surtout "j'ai vu qu'il était seul dans le wagon et je ne suis pas partie". La honte. Pire, j'avais carrément peur de me faire engueuler. "On va porter plainte", mais il n'en était pas question bordel, et encore aujourd'hui! Ils penseront que je l'ai bien mérité. Que je n'avais pas qu'à. Je le pense déja assez. Ne veux pas l'entendre. Et ce serait pire s'ils ne le disaient pas à voix haute, j'imaginerais dans leurs yeux le jugement et j'aurai envie de crever.

Quand j'ai dit ça ce matin à la psy, elle m'a dit "Ce qui m'inquiète, ce n'est pas ce qu'ils peuvent penser. C'est ce que vous pensez.. Vous vous rendez compte de ce que vous dîtes? Est ce que vous êtes d'accord quand vous entendez des phrases du genre, "ah bah oui mais elle était en mini-jupe, après faut pas venir se plaindre! "Vous êtes d'accord avec ça? Je vais vous caricaturer une situation exagérement, mais vous allez comprendre. Imaginez un automobiliste qui se fait couper la route par un chauffard. Vous croyez que c'est de sa faute, qu'il va s'injurier en se disant "merde, j'étais pas sur la bonne file", ou " je conduis vraiment comme un con!".

Ce qui vous gangrène, c'est que vous ayez pu trouver du positif dans cette situation. Que vous ayez eu envie de jouer avec le feu. Vous étiez ado, un ado teste. Un ado joue. Est ce que vous devez brûler vive parce que vous avez joué avec le feu? Vous vouliez jouer avec des allumettes, et lui vous a sorti un challumeau enfin, vous n'étiez pas sur un pied d'égalité Mademoiselle S.! Vous êtes cruelle envers vous même de vous en vouloir d'avoir eu ces conduites. Vous savez en parler aujourd'hui, mais c'est aujourd'hui. Hier, vous faisiez comme vous pouviez .Et ce n'est ni un choix, ni un désir. Vous êtes une VICTIME. Et vous êtes en train de vous avouer l'inavouable, ce sentiment d'excitation face au danger que vous avez ressenti. C'est dur, je le sais. Mais vous n'êtes pas un monstre. Vous connaissez le syndrôme de stockholm? Je sais que ça n'a rien à voir, mais il est plus économique pour l'esprit humain de s'en vouloir à soi même plutôt qu'à l'autre. Et dans les cas extrêmes, il est même plus facile d'aimer son agresseur. Vous ne lui en avez jamais voulu. Et pourtant, il y avait de quoi. Non?"

Je ne lui en veux pas. Je m'en veux à moi, oui, mais lui au fond...non. Jamais, jamais je l'ai detesté ou ai éprouvé de la haine pour lui. Et à force de me dire que j'ai eu de la chance...je lui ai trouvé des excuses. Il n'a pas été très violent. Ne m'a pas "abîmée" au sens physique. Quant au mot "victime", il est loin, loin de moi.

Je me dis que ça serait plus facile, pourtant.

Je me deteste tellement. C'est si écoeurant, humiliant et sale. Je me fais gerber putain. J'ai du mal à imaginer qu'un jour je puisse partager la vie d'un homme, amoureusement. Avec "ce" corps. Qui n'est plus mien.

Pourquoi cette envie de vomir ne me quitte pas?

 

 

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26 juin 2010 6 26 /06 /juin /2010 12:12

Ça y est. C'est fini. L'année fût périlleuse, mais je me suis donnée à fond. Je ne me connaissais pas cette détermination de fer. Je ne savais pas que j'étais capable. "Elle" dit que c'est parce que j'ai eu envie de croire en moi. Bien sûr, il y a toujours cette envie de montrer au monde entier que je suis "normale", c'est à dire que je peux réussir, moi aussi, même en pesant 40 kilos et en étant mentalement...défaillante. Je crois que c'est la première année où je me suis donnée à fond, pour moi seulement. Pas pour mes parents ou pierpoljak. Avant, j'avais tellement peur de la défaite, et tellement persuadée que j'allais rater aussi que je menais une conduite d'échec, genre arriver complètement raide à l'épreuve, ou prendre 40 somnifères avant d'y aller, arriver une heure en retard... (haha, et dire que même en agissant ainsi je les ai eues). Ça me confortait dans l'idée que de toutes manières c'était raté, mais ça me donnait aussi une excuse. Cette année, je me suis donnée. Investie jusqu'au bout. J'ai pris le risque de rater, mais aussi celui de réussir (nettement plus sympa entre nous). Si je rate, je n'aurai pas d'excuses et ce sera vraiment horrible. Mais on apprend de ses échecs. J'aurais pu rester tranquille à l'hosto, ne jamais signer ma décharge, pour fuir l'épreuve. Mais un dernier sursaut vital s'est emparé de moi, me susurrant que si je voulais goûter aux projets qui se dessinent pour moi, il fallait y passer.Ca n'a l'air de rien comme ça. Mais je n'ai pas compté les nuits blanches pour rattrapper toutes mes absences. (comptez 2 mois et demi, 5 projets/semaine). J'ai dû manger pour tenir. J'ai dû me convaincre que je pouvais le faire. Ne pas céder aux tentations habituelles. Ne pas tout envoyer chier sous prétexte que j'étais littéralement à bout, moi. Ne pas dire aux autres d'arrêter de se plaindre, parce que moi j'avais le triple de boulot. En gros ne pas péter un putain de plomb. Ah, et aussi, j'avais plus le temps pour gérer les descentes de coke. Donc, pas de coke. En fait, fallait juste que je redevienne "normale" hahaha. Que j'agisse comme quelqu'un de sensé.

J'ai énormément appris sur moi même. La psy dit que j'agis comme les sportifs, c'est à dire que je n'avance sur moi même que dans la compétition. Ce qui est entièrement vrai. J'ai juste l'impression de...d'avoir compris tellement de choses. Tellement. J'ai appris notamment à me donner les moyens de réussir, et de ne pas tout mettre en oeuvre pour me planter en beauté. Paraît que je mobilise de l'énergie positive. Après avoir manipulé, menti, joué, nié, hurlé, cassé, pleuré, trahi...Je réalise les dégâts.

Et voudrais clore le sujet. Pour de vrai. Je ne sais toujours pas si je passe. En même temps, si je ne passe pas...je sais que j'ai gagné quelques batailles, déjà. Je ne vais pas me dire que ça me suffit. Mais ça me consolerait amplement. Je crois qu'à partir du moment où on se fait confiance, un tout petit peu...un grand pas est fait. J'ai envie d'apprendre à marcher une deuxième fois.

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14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 06:07

J'écris un peu pour ne rien dire. Il est 6h08, on est lundi matin et je n'ai toujours pas dormi. Dans mon dernier post, je parlais de ce dernier défi. Bon, à ce moment là, le cynisme coulait à flot dans mes veines et j'étais assez...insupportable. Le contrecoup de m'être sauvé la vie sans doute, j'en sais rien.

Mais ce qui se passe là, c'est que je ne suis pas angoissée pour la fin d'année. Enfin si, mais je ne suis pas pétrifiée comme d'habitude...je ne dors plus, n'ai plus vraiment de vie et ne fais vraiment QUE bosser,mais j'avance, je raye de ma liste les projets au fur et à mesure, et je crois que je prends mon pied.  Comme si je faisais une crise de boulimie de boulot, mais que je n'avais pas encore vomi, j'en suis toujours au stade où j'imagine ce que je pourrais bien manger après alors que je n'ai toujours pas fini d'ingurgiter ce que je mâche. Et vous savez quoi, je suis même assez satisfaite de ce que je fais. Sérieux, je trouve ça plutôt pas mal.

Je suis dans la merde jusqu'au cou et suis la plus heureuse du monde. Et puis si je l'ai pas, je voudrais pouvoir me dire que j'ai essayé, jusqu'au bout et que je n'ai jamais lâché. Pas de regrets. Si, bien sûr, mes épisodes hospitaliers mais...ils on été bénéfiques, alors les regretter, non, disons qu'ils sont mal tombés...mais je veux me battre. Ne rien lâcher. Mon avenir je le veux, je le désire plus que tout. Je VEUX mon année, je veux y accéder à ce futur possible...Cette semaine j'ai normalement une réponse pour mon alternance aussi...pourvu que ça marche.

C'est drôle, mais je me dis que la psychomot', elle a appuyé sur le bon bouton la dernière fois..."le goût du challenge". Elle est fûtée celle là. Elle me connaît par coeur. N'empêche, ça a marché.

[Ppm00 oui...la roulette russe, un peu. J'ai besoin de lancer ma bille quelques fois...et puis après, ça va. C'est un peu aléatoire j'avoue,mais c'est comme un dernier recours lorsque vraiment, vraiment les murs sont sans issue. Pour le passé douloureux, je n'arrive pas vraiment à l'admettre, étant donné que pour moi tout est un peu de ma faute, et des fois j'en arrive même à des conclusions du genre "j'ai choisi d'être anorexique je ne peux en vouloir qu'à moi même j'ai bien vu que ça allait pas mais j'ai rien fait", et même "je savais ce qui allait se passer, on peut même pas appeler ça un viol puisque j'ai rien fait pour me défendre" enfin bref.]

 

Ce brouillon traînait depuis un moment...

Depuis, les cernes ont grandi, les tremblements sont incessants et les pupilles dilatées, tandis que le coeur est en tachychardie constante. Mais je vais. Comme une petit vampire en manque de sang. J'ai relevé le défi comme une gagnante. Et j'espère gagner, parce que perdre m'exaspère et me rend assez dingue. Je deteste l'échec. (Ah bon? _scoop!_) Je suis excessive. Mais je veux y arriver. Réponse à la fin du mois. Et puis, ce défi m'apporte énormément. Sur moi même, mes limites, mais aussi mes capacités, ma valeur, mon comportement et beaucoup d'autres choses. Je suis honnête avec moi même aujourd'hui. Je me connais mieux. C'est comme si j'avais fait 5 pas en avant d'un coup. Je crois en moi, oui. Et n'en ai pas honte. Plus maintenant.

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12 juin 2010 6 12 /06 /juin /2010 23:11

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Bon, premièrement, jsuis en vie.

Deuxièmement, je m'accorde un dernier challenge avant de m'envoler. Il sera déterminant je pense. Mais comme j'aime les défis, fallait le relever, sinon, là, ça aurait vraiment été lâche.

Je me suis fait hospitaliser la semaine dernière, peut être pour me protèger, sûrement pour peser le pour et le contre. Je veux dire, est-ce que j'en ai vraiment marre de tout, ou est-ce que c'est cette éspèce de trainée de maladie mentale qui joue avec moi. Nuance. Et puis il y a cette passade euphorique que j'ai traversée avant tout ça. Et c'était si bon que j'ai envie d'y goûter à nouveau vous comprenez? Bref.

La psychomot' dit que mes idées noires sont des pulsions de vie.(J'ai bien aimé). Puisque je les vends comme positives et emplies de liberté. C'est ça, je lui ai dit "Je serai enfin libre". En fait, elle trouve ça assez positif. Que j'ai de la ressource. Que je sache aller en cabane dès qu'il y a danger. Aussi que j'ai envie de changement, ça c'est bien. Quand elle a dit "passé extrêmement douloureux", je l'ai calmée, faut pas exagérer. Enfin je trouve.

Bon sinon, je me suis souvenue que si je ne passais pas en deuxième année mon prêt étudiant tombait à l'eau, et je devrai 5000€ à la banque. Déja que je suis à -500, jvois pas comment faire. Je ne supporterai jamais que mes parents mettent la main à la pâte. Et tout le monde dans ma classe susurre ses propres doutes quant à mon passage. Qu'est ce que ça peut bien leur foutre, je me le demande, mais ce sont des fouines. Curieuses de savoir qui rend quoi et quand. Qui ne trouvent pas ça juste qu'en étant "absente tout le temps" (pardon d'aller à l'hosto, et pardon de vouloir m'en sortir, et aussi pardon d'être anorexique) je passe. Sauf que je rends tout, peut être en retard, mais je le rends, donc je nourris quelques espoirs. Et puis le directeur qui vient me rendre visite à l'HP, ça aussi, ça joue. Je me dis que lui "sait". Comprend. Loin de moi le favoritisme, on n'en est pas là, puisque je passe des nuits blanches encore et encore pour tout rendre. Et que je ne fais pas la victime, parce que j'ai simplement horreur de ça et que de toutes manières je rejette tellement ce mot que ça me ferait gerber d'en jouer. Donc, tout ça pour dire que je doute, doute, et doute encore.

Je ne vous cache pas que ce passage sera déterminant. Suspense...

Et la psy qui joue avec moi..."vous aimez les challenge non? Pourquoi vous ne relevez pas le défi? Vous verrez bien...Je pense vraiment que ce serait dommage d'abandonner là. Accordez vous une chance...."

Adjugé! Non la vie n'est pas un jeu. Mais...La voir comme ça, des fois, c'est plus simple. "Des fois" j'ai dit, pas tout le temps. En ce cas précis, j'avais rééllement besoin d'une motivation pour arrêter mes conneries suicidaires. Bien qu'elles soient en stand by, donc toujours là, elles sont tout de même moins obsédantes. Mon obsession, là, c'est le boulot. Assez sain je trouve.  ;)

 


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31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 19:40

J'ai dit à Maman que j'allais bientôt mourir. Que je ne le voulais pas forcément mais que ça allait arriver. Comme une évidence. C'est venu à moi puis ça s'est imposé, doucement, puis brutalement. Qu'il n'y avait pas vraiment de raison, mais que mon moral avait chuté d'un coup, sans crier gare. Et que pour mettre fin à tout "ça",il n'y avait que la mort. Une mort douce, j'entends, parce que faut pas trop m'en demander quand même. Avec un peu d'humour je lui ai glissé que malencontreusement, c'était la fête des mères, et que je ne voulais quand même pas lui pourrir sa fête pour le restant de ses jours. Et puis, faut dire qu'on a perdu des êtres chers cette année, trop, et ça tombe mal. En plus si je me jette par la fenêtre, mon grand père va criser, lui qui est obsedé par la propreté de son trottoir...Si je mets du sang sur le parquet de ma chambre ça va tâcher à vie...Enfin de toutes manières, si je me fous en l'air là bas, c'est quand même pas le top. Si je me fous en l'air chez ma mère, c'est pas sympa, surtout pour mes soeurs. Reste dehors, mais dehors y a toujours quelqu'un pour appeller le samu alors que t'es en train d'agoniser on sait où. (Il m'est arrivé d'errer durant des kilomètres en délirant l'estomac plein à craquer de psychotropes en tous genres). Bref, vous l'aurez compris, c'était pas pour ce week end.

J'ai préferé expliqué tout ça simplement. Donc à 11H ce matin, je disais à ma mère que je ne savais pas si je voulais mourir parce que j'en avais ras le cul de vivre, ou si je voulais mourir parce que mon moral s'était fait la malle à cause de cette putain de maladie mentale. Elle m'a dit que j'y allais fort quand même, "non mais tu te rends compte, c'est comme si tu me demandais de te conseiller sur la corde ou sur les veines, on rit mais c'est quand même pas très drôle". C'est toujours mieux que de dramatiser me direz vous. Et puis c'est plus facile comme ça.

Pour me laisser une chance, on a décidé qu'il fallait que je consulte quelqu'un. Donc, direction les urgences psychiatriques.Déja, quand je me présente, l'infirmier éclate de rire et me dit, "oui oui non mais je sais qui vous êtes quand même!" Bref.

"Alors, qu'est ce qui vous amène?

Oh, c'est ma mère qui s'inquiète, ce matin je lui ai dit que j'allais mourir, alors elle a voulu que je vienne vous voir...

_Ah, et ça vous étonne?

_Noooon, bien sûr que non mais, enfin voilà quoi. Donc, non, plus sérieusement j'ai peur. ca fait une semains que je me contrôle, mais un jour je ne saurai pas le faire, et je crains vraiment de péter un câble et de me tuer vous comprenez? Il n'y a pas de cause réelle, pas d'évenements particulier, mais mon moral a chuté brutalement et c'est insupportable...

_Je ne comprends pas, pas de déception, pas de dispute, pas de...

_Non, mais moi je vous préviens, je vais pas toute ma vie osciller entre des hauts et des bas, vous imaginez putain moi je suis crevée merde, on croit qu'on guérit et en fait c'est juste un sursis???Putain, ça fait 10 ans maintenant, 10 ans! On va bien, et tout d'un coup, bam! Comme ça. Et puis y a pas que moi, j'entraîne les autres aussi, même si je fais tout pour que personne ne voie rien. Tout le monde y croit, tout le monde s'apaise, et puis non, finalement, c'est pas la bonne...J'ai pas envie de jouer toute ma vie. Je préfère tirer ma révèrence maintenant.

_Vous en êtes où côté drogue? Vous savez la drogue, je suis d'accord avec vous, c'est bon. La redescente, un peu moins. Mais alors quand on l'arrête, c'est horrible. Vous vous sentez vide hein? Faut dire qu'avant vous aviez la drogue, les cachets, vos 36kg. Vos cheeeers 36kg. Et tout ça, c'est fini. Et vous...et vous, vous êtes perdue. Il y a un côté très positif, c'est que vous avez arrêté de vous droguer.  Et surtout, vous ne prenez plus de psychotropes, vous vous rendez compte du pas? Vous vous souvenez que ça em rendait malade de lire vos ordonnances avec toutes ces intéractions possibles, les crises de tétanie que ça entraînait avec la codéine, etc? Pour les 36 kg, vous les pleurez, mais rassurez vous, je ne pense pas non plus que vous en ayez pris 10 non plus, là, vous éxagérez je trouve. Le jour où vous ne vous trouverz plus en danger vital, là vous aurez passé un cap.

Bon, ce qui me fait peur, c'est que pour vous faire changer d'avis, faut vraiment se lever de bonne heure avec vous. Et que vous êtes réellement intransigeante avec vous. Que je sais pertinament que vous gardez une boite de pychotropes chez vous et qu'ensuite, quand vous avez décidé de faire quelquechose ous le faîtes. Hors, je ne peux que constater que vous êtes dans un état d'anxieté extrême, maintenant, qu'est ce que vous attendez de moi? Je vous propose de m'appeller demain. Pour me dire comment vous allez. Ensuite, je veux, mais vraiment, que vous veniez déposer vôtre "trésor" (ma boite de cachetons) comme vous dîtes, mais mortel, quand même, ici.

_[Vous auriez du voir ma tête].Non, alors ça, non. Vous comprenez, si ça va pas, hop, je me sers dedans et plus de problèmes.

_Moi je préfèrerais que quand vous soyez en situation de crise, hop, vous veniez au cmp. Donc, hop, vous venez tout déposer dans la semaine.Si demain vous ne m'avez pas appelé à 12H, je prends les devants et vous envoie une ambulance. Mais rendez vous compte que vous vous projettez dans un avenir qui n'existe pas. A demain, je vous fais un courrier pour l'ordonnance de méthadone"

Lasse de toujours me battre, j'ai abdiqué. Bref, on augmente la méthadone. Je n'ai plus qu'à réflechir à une hospi. Mais je suis rassurée d'avoir une explication. Vraiment. Tout ça est donc indépendant de ma volonté.

Reste plus qu'à attendre que ça passe. Et de faire taire cette salope de garce de voix. Elle est tenace. Et ma boite, sur ma table de nuit. Et ma boite...connasse.

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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 14:11

Je ne vous ai pas conté ces derniers jours, ces dernières semaines toutes plus délicieuses les unes que les autres. Ce bien être oublié, cette sereinité...

Rire, se trouver plutôt pas mal, ne pas être opressée d'être avec les autres, éprouver du plaisir, faire des trucs qui nous plaisent, faire plaisir aux autres, rire encore, aimer, se sentir aimée sans l'interdir, partager les repas. DEGUSTER les repas, et ne pas les caler en 7 minutes. Non, s'asseoir et les partager. Retrouver les saveurs. Ne plus avoir peur. Peur de tout. Ne pas dépasser les limites par défi, parce qu'en fait on sait bien qu'il y a toujours de la merde au delà des limites, donc on évite, spontanément. Ne plus oublier les soirées parce qu'on était comlpètement raide. Non, être présente du début à la fin. PRESENTE. Pas dans les paradis artificiels. C'était si bon. Je vous jure. C'était simple, putain, mais tellement simple.

Je me suis aperçue que c'était agréable de se sentir bien et d'oublier. Pas oublier en faisant l'autruche, mais passer à autre chose, juste. Avancer. Aller au boulot, s'investir à fond, être soi-même et sourire à demain. Avoir des projets. Reprendre confiance en soi, parce qu'enfin on découvre qu'on vaut quelque chose.

Entendre des "Je ferai tout ce que je peux pour bosser avec toi. Quand je vois ce que tu fais...je veux." C'était bon.

Et puis au fur et à mesure...on ne sait pas ce qu'il passe. On sent que ça s'étiole. Que les parasites reviennent. Et les "Je t'aime." "Je te l'ai pas dit l'autre fois, mais vraiment je suis fière de toi." "J'ai envie de te voir' "On aime te voir comme ça" "Quand on te voit comme ça ça nous rend heureux" "Vous êtes vraiment courageuse". Tout d'un coup, tout d'un coup, on a envie de se boucher les oreilles. De ne pas entendre. On ne voudrait pas compter autant parce que tout ce qu'on veut c'est se foutre en l'air, sans que ça se remarque de trop. Sans faire mal.

Je ne sais pas pourquoi. Juste, tout d'un coup, tout se casse la gueule, comme ça, pour rien. La fatigue arrive, triomphante. Se remet en travers du chemin. Et hurle que voilà, c'est bien beau d'être forte, mais non, c'est pas vrai. Je ne sais pas si c'est la pression que je me suis mise pendant le stage qui se relâche. Si c'est le revers de la médaille, l'envers du décor qui s'affiche grand écran dans mon cerveau. Je pleure dès que je suis seule. Je veux pa s qu'on me laisse seule. Mais je ne demande que ça en fait. Je veux pas parce que j'ai peur, à nouveau. Peur de ce que je pourrais...il le faut mais il ne le faut pas. Cette idée s'impose à moi vous comprenez? Ca fait un truc du genre "Tu sais bien qu'il va falloir disparaître, tu ne tiendras pas. Tu n'y arriveras pas et tu le sais. Tu fais semblant comme toujours. Ce serait tellement plus simple que tu t'éteignes. Enfin libre, t'imagines? LI-BE-REE" Et ça se cogne, à "Ils vont penser que tu es une sale égoïste, ils ne comprendront pas, tu penses vraiment qu'à ta gueule, t'as pas le roit, pense à ta famille putain ils ne comptent donc pas?" Et si vous saviez comme j'en ai marre de penser aux autres. Mais je sais qu'une fois au fond de mon trou, personne ne dira que je me suis battue. Personne ne comprendra et essaira de le faire. Ils seront juste aveuglés par leur douleur et ne verront pas la mienne. Personne ne sera content pour moi. Pourtant je voudrais qu'ils le soient. Je voudrais qu'ils soient soulagés pour moi. Qu'ils se disent que je me suis battue, que j'en ai voulu, que je me suis donnée, mais que j'ai perdu la partie. Que j'étais pas heureuse, et qu'il n' y avait que cette solution pour être enfin libre.

Je n'ai pas peur de la mort. Je l'ai toujours envisagée comme une issue de secours, une porte de sortie quand on en voit pas d'autre. Et aujourd'hui j'en vois pas d'autre. Elle clignote. Comme quand on est dans le noir et qu'on aperçoit ce petit panneau "issue de secours". Alors on est rassuré et on sait que pas loin, il y a un interrupteur. J'ai peur pour eux. Je ne veux pas leur manquer. Mais je ne sais pas comment on fait. J'aimerais leur dire, les préparer. Et je crois que c'est ce que je vais faire. Vraiment.


Enfin j'ai quand même un peu peur. De l'irreversibilité de l'acte. Imaginons que ce ne soit qu'un passage, que ce ne soit que la "maladie" qui reprenne le dessus et qu'en fin de compte...dans 2 mois je repasse par la période de bonheur que je viens de traverser. Je sais plus. Putain. Perdue. Je ne sais pas à qui en parler. Moi la mort, j'en parle sur le même ton que lorsque je dois aller acheter du pain. Les autres, ils s'affolent. Quand je m'était ouvert les veines, à l'hôpital et qu'on m'avait retrouvée, au réveil j'avais souri à l'infirmière, en susurrant, avec la force qu'il me restait, "c'est pas grave"...

C'est pas grave.

 

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16 mai 2010 7 16 /05 /mai /2010 19:02

[J. Anouilh]

 

     Il y a des choses qui boulversent, qui chamboulent tout, sans qu'on sache pourquoi. Qui effacent tout pour nous tendre une toile vierge. Tout recommencer.

Des paroles qui sont entendues, des mots qui caressent et des gestes qui veulent dire bien plus. Des regards.

Je ne sais pas trop expliquer pourquoi. Et n'ai pas l'envie de détailler, parce que ce sont des choses que je voudrais  garder pour moi. Des choses tristes, d'autres plus légères en peu de temps. Mais en tout cas, elles comptent. Elles comptent tellement que, j'ai la drôle d'impression d'avoir tant changé depuis. Pourtant je reste la même.

Tout me paraît tellement plus simple. Toute cette joie de vivre, ces sourires spontanés, ce plaisir nouveau. Le partage, les rires.

J'ai recommencé à peindre, aussi. Prends des photos de tout et de rien. N'ai plus rien à dire à la psy.

Je vais bien, je crois. Vraiment, je veux dire. Ah, oui, et ça fait 4 mois que je ne prends plus aucun médicament, sauf la méthadone bien sûr. Contente.

*Ils* sont contents de moi aussi. C'est la première fois en 24 ans que je l'entends. Je pensais que ça me ferait plus d'effet. Mais en fait, non. Parce qu'en fait, c'est pour moi que je le fais. Et qu'ils soient contents de moi, ou non, au fond...ça n'a pas beaucoup d'importance.

Je me suis remise au sport. Vais à la piscine, MOI!!! Hahaha.

J'ai croisé ma psychiatre à un enterrement aussi. Il s'avère que je viens de découvrir qu'elle fait maintenant partie de ma famille. Eloignée, mais, génial, aux réunions elle sera présente. J'aurais voulu disparaître sous terre. Surtout au moment ou elle m'a fait la bise. Et surtout au moment où, rassurée qu'elle soit enfin partie, je l'ai retrouvée au repas qui suivait. Bref. De toutes manières, on avait fini, elle et moi. Depuis qu'elle ma jettée à l'autre débile que je deteste. D'ailleurs,est ce que ça vaut le coup de suivre une thérapie avec un psychiatre que l'on hait? Arrêter alors? Crois pas que ce soit la solution. Vais essayer de repêcher l'ancienne qui m'avait abandonnée parce que j'étais trop défoncée pour poursuivre. Ce que je lui en avais voulu aussi putain.

Plus que 2 semaines de stage. J'angoisse pas encore à l'idée de devoir reposer mes fesses cagneuses sur les bancs de l'école, mais ça viendra en temps voulu.

Comme j'ai décidé de vivre pleinement le moment présent, je n'y pense pas encore. Donc, ce soir, tout va bien. J'ai juste à penser au tatouage que je vais me faire bientôt. Pas trop mal pour un dimanche soir...

 

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*Anorchidea*

  • : [La pÂleur mOntre JusQu'où le cOrps PeUt cOmprendRe l'âMe]
  • : Le pardon ne pouvant s'envisager, seule une vengeance violente, une décharge de tout ce qu'il y a de mauvais, malsain, au plus profond du subconscient, pourrait permettre de ne plus penser aux noirs souvenirs qui gangrènent ma chair me rendant chaque jours un peu plus malade. Mes pieds s'enlisent, mon esprit les suit. Je me perds. L'anorexie fait partie de ma vie depuis trop lontemps.
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